jeudi 17 décembre 2009

L'hélicoptère franco-chinois prend son envol - Véronique Guillermard

Le Figaro, no. 20336 - Le Figaro Économie, jeudi, 17 décembre 2009, p. 22

Eurocopter et son partenaire Avic espèrent vendre 800 exemplaires de cet appareil civil pour lequel ils ont investi 300 millions d'euros chacun dans le cadre d'une alliance industrielle et commerciale à 50-50.

Fin d'année chargée pour les vols inauguraux. Après l'Airbus militaire A 400M et le Boeing B 787 Dreamliner, l'hélicoptère franco-chinois EC 175 doit effectuer son premier vol officiel ce matin. Sauf incident imprévu, il doit décoller du siège d'Eurocopter, filiale d'EADS, à Marignane à côté de Marseille. Louis Gallois, président d'EADS, est attendu sur place ainsi que des représentants d'Avicopter, la branche spécialisée du holding aéronautique publique Avic. Ce premier vol marque le coup d'envoi de la campagne de certification de cet hélicoptère civil de 7 tonnes spécialisé dans le transport entre les continents et les plates-formes pétrolières et gazières offshore, les missions de sauvetage ou encore le « corporate ».

« Il représente l'aboutissement d'années d'effort pour réussir à effectuer ce premier vol dans les délais, soit quatre ans après la signature du contrat », souligne Joseph Saporito, directeur des programmes commercialisés d'Eurocopter, leader mondial sur le marché civil. « Nous sommes partis d'une feuille blanche pour concevoir cet hélicoptère sur la base d'un partenariat à 50-50 avec l'industrie chinoise », ajoute-t-il. Avicopter et Eurocopter ont investi 300 millions d'euros chacun dans ce projet. Ils se sont partagé la fabrication ainsi que les marchés. Eurocopter a l'exclusivité en Europe, aux États-Unis et en Australie tandis qu'Avicopter est souverain en Chine et dans plusieurs pays d'Afrique et d'Amérique latine. L'engin dispose de deux chaînes d'assemblage similaires en France et en Chine. Mais chaque industriel peut ensuite « customiser » l'appareil en fonction des besoins de ses clients.

L'EC 175, baptisé Z 15 en Chine, bouche un trou dans la gamme d'Eurocopter en s'intercalant entre la famille Dauphin de 4 à 5 tonnes et celle des Super Puma, des hélicoptères de 9 à 11 tonnes. Les deux alliés espèrent en vendre 800 sur vingt ans et réaliser un chiffre d'affaires annuel de 600 millions d'euros en rythme de croisière. Eurocopter a déjà engrangé 114 commandes fermes et promet une première livraison fin 2012. Avec l'EC 175, Eurocopter récolte les fruits de trente ans de coopération avec la Chine. La filiale d'EADS a été un précurseur en la matière en signant dans les années 1990 un contrat de licence pour l'EC 120 ou Colibri.

Présence mondialisée

La Chine, où Airbus a mis en service une usine d'assemblage pour l'A 320 l'été dernier, constitue un exemple parmi d'autres du savoir-faire d'Eurocopter en terme d'alliances internationales.

En Corée du Sud, par exemple, le constructeur est à la fois le fournisseur de KAI, son homologue local, et son conseiller en matière de support technique. « KAI a développé un engin 100 % coréen. Nous fournissons le pilote automatique, la boîte de transmission ainsi que le rotor principal. Et nous les aidons à répondre aux besoins de l'armée », souligne Joseph Saporito. Eurocopter est en quelque sorte le parrain du Surion, un hélicoptère militaire de 8 tonnes dont les besoins sont estimés à 245 exemplaires par l'armée coréenne. L'engin a été présenté en juillet 2009 et doit effectuer son premier vol en mars 2010.

Dans certains pays, Eurocopter investit à partir de sa filiale locale après avoir décroché des contrats. Choisi en 2006 pour fournir 350 LUH, un hélicoptère léger, aux armées américaines, il a mis en service dans l'État du Mississippi une « copie conforme » de sa chaîne d'assemblage basée en Allemagne et passé des accords avec la sous-traitance locale. Le site doit livrer son 100e appareil en février 2010.

Ce modèle sera déployé au Brésil qui a acheté 50 Super Puma et en Australie pour l'hélicoptère de combat Tigre et de transport de troupes NH 90. « Ce sont des investissements de long terme qui permettent de conquérir des marchés, de mondialiser le réseau de sous-traitance et d'installer des bases pour la fabrication et la maintenance des appareils », conclut le directeur.

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1 commentaires:

Anonyme a dit…

Avec une electronique de vol israelienne