YANN ROUSSEAU
François Fillon arrive en Chine dimanche soir pour une visite politique de deux jours. Il va célébrer un renforcement de la collaboration franco-chinoise dans le nucléaire. Plusieurs grands groupes mais également des PME vont valider des contrats avec des électriciens chinois.
Se pliant aux pressions des autorités chinoises, François Fillon a dû renoncer à son projet de visite du chantier de l'EPR de Taishan, dans le sud de la Chine. Il devrait tout de même profiter de son séjour dans le pays, lundi et mardi, pour célébrer le renforcement de la coopération franco-chinoise dans le nucléaire. Accompagné d'Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva, et d'Henri Proglio, le nouveau PDG d'EDF, ainsi que par des cadres d'Alstom et les patrons de plusieurs PME de la filière, le Premier ministre français devrait assister avec des officiels chinois à la cérémonie de signature de plusieurs contrats, dont le montant global pourrait, selon nos informations, atteindre 1,5 milliard d'euros.
Si la commande globale de deux EPR a été validée depuis 2007 par Pékin, les autorités françaises et chinoises, qui, après une longue brouille politique, se disent réconciliées, veulent mettre en scène la signature du crédit acheteur de 1,7 milliard d'euros couvrant les prochaines livraisons de matériel français ainsi que la validation de plusieurs contrats d'exécution. S'accélérant depuis le début de l'automne et la pose du premier béton à Taishan, les commandes d'équipements fabriqués par des entreprises françaises, telles que Velan ou la PME drômoise Vanatome, spécialisée dans la fabrication de vannes et de robinets de haute technologie, pourraient atteindre lundi les 200 millions d'euros.
Très impliqué dans l'ensemble du projet, EDF devrait, lui, formellement recevoir la licence d'exploitation de TNPC, la coentreprise formée avec son partenaire traditionnel CGNPC (China Guangdong Nuclear Power Company) pour gérer la construction puis l'exploitation pendant cinquante ans des EPR chinois. Lundi, l'électricien français confirmera ainsi un investissement de 600 millions d'euros, qui lui permettra de détenir 30 % de la nouvelle société commune. De son côté, Areva entérinera aussi la création de sa coentreprise en charge de l'ingénierie et des achats pour les réacteurs de deuxième et de troisième génération (CPR 1000, EPR).
Si l'EPR concentre l'attention des autorités politiques françaises, les entreprises de la filière restent, elles, concentrées sur le reste du développement du parc nucléaire chinois. A l'horizon 2020, le gouvernement vise une capacité installée de 70 gigawatts -contre 9,1 gigawatts actuellement -, qui implique la construction de plusieurs dizaines de réacteurs. Tout en testant plusieurs technologies étrangères, le pays devrait se concentrer dans un futur proche sur la duplication du CPR 1000, un modèle développé sur une technologie d'origine française, pour assurer une expansion sécurisée de son parc.
Connaissant parfaitement ce modèle, les groupes français vont signer, à l'occasion du passage de François Fillon, plusieurs commandes d'équipement de ces réacteurs. Areva et son partenaire Dongfang devraient ainsi valider la vente pour 160 millions d'euros de pompes primaires pour des CPR 1000. Alstom, de son côté, assurera l'ingénierie et la construction de l'îlot conventionnel de l'EPR chinois et a déjà annoncé qu'il fournirait notamment, avec son partenaire Dongfang, deux ensembles turbine-alternateur de 1.750 mégawatts facturés 300 millions d'euros, dont 100 millions pour le groupe français. Il espère finaliser, début 2010, plusieurs nouvelles commandes de groupes turbine-alternateur pour CPR 1000.
En vantant ce partenariat avec Pékin, François Fillon espère conforter le poids de sa filière sur le plus grand marché mondial du nucléaire et accélérer les négociations en vue d'une coopération plus large intégrant notamment l'aval du cycle. Paris et Pékin finalisent toujours la signature d'un accord intergouvernemental permettant de lancer les négociations commerciales en vue de la construction, dans les prochaines années, d'une usine de traitement et de recyclage complet des combustibles usés, d'un montant proche des 12 milliards d'euros.
PHOTO - France's Prime Minister Francois Fillon (2ndL) visits the site of the third-generation European Pressurised Water nuclear Reactor (EPR) accompanied by Chairman and Chief Executive Officer of EDF (Electricite de France) Henri Proglio (R), Areva's chairman Anne Lauvergeon (L) and Finance Minister Christine Lagarde (2ndR), in Flamanville, western France, November 26, 2009.© 2009 Les Echos. Tous droits réservés.
1 commentaires:
Good news pour la France espérons que ce ne soit pas de l intox cette fois ci.
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