L'envoyé spécial du président américain est à Pyongyang trois jours durant.
Barack Obama entrouvre la porte du dialogue mais reste sur ses gardes. En engageant aujourd'hui, pour la première fois depuis son arrivée à la Maison-Blanche, un contact de haut niveau avec la Corée du Nord, le président américain sait qu'il s'avance en terrain glissant. Mais il n'a pas l'intention de laisser Kim Jong-il lui imposer son script. Pendant trois jours de visite à Pyongyang, son envoyé spécial Stephen Bosworth devrait ignorer les appels du pied du dictateur en faveur d'un grand marchandage avec Washington et marteler un message de fermeté : seuls un retour aux pourparlers à six et des engagements tangibles sur le nucléaire permettront un réchauffement des relations. « La Corée du Nord recherche des discussions en tête à tête, mais notre objectif est de relancer les négociations multilatérales », a prévenu d'entrée de jeu Bosworth.
Le diplomate américain ne vient pas distribuer des carottes mais décrocher un retour du dictateur à la table des négociations, qu'il a quittée « définitivement » en avril dernier, en plein bras de fer avec la communauté internationale.
Face au vice-ministre Kang Sok-ju, négociateur en chef sur le nucléaire, voire à Kim Jong-il lui-même, Bosworth refusera d'ouvrir formellement les discussions et jouera profil bas. Pas question d'offrir sur un plateau une victoire à la propagande du régime, qui avait présenté la visite « humanitaire » de Bill Clinton, en août dernier, comme un nouveau triomphe du « soleil du XXI
siècle ». « Cette visite vise à permettre aux Nord-Coréens de sauver la face et à tester leurs intentions en matière nucléaire », analyse un haut diplomate européen en poste à Séoul.
Le pari d'un retour progressif
Après avoir fait patienter Kim Jong-il pendant plus de quatre mois, laissant la Chine à la manoeuvre, Barack Obama estime que l'heure est venue de récolter les fruits de la stratégie d'isolement qu'il a mise en place à coups de sanctions politiques et économiques au lendemain de l'essai nucléaire conduit en mai. Après avoir multiplié les provocations durant le premier semestre, les Nord-Coréens sont demandeurs depuis l'été. Face à un régime exsangue, Washington s'estime en position de force.
Déterminé à éviter le piège dans lequel était tombé Bush en 2007 en négociant à la hâte un accord de dénucléarisation sans lendemain, Obama refuse un tête-à-tête avec le diable. À défaut d'espérer une percée, la Maison-Blanche veut briser l'escalade qui a vu le régime stalinien relancer son programme atomique à des fins militaires au printemps. Bosworth lui fera miroiter la perspective d'un traité de paix et l'ouverture à terme d'un bureau de liaison américain à Pyongyang, première étape vers une normalisation des relations politiques.
Tout en doutant de sa volonté de renoncer à son arsenal atomique, de nombreux experts tablent sur un retour progressif du dictateur à la table des négociations. Les deux parties seraient déjà d'accord sur une seconde rencontre qui définira « dans le détail » les modalités de redémarrage des pourparlers à six, selon Cheong Seong-Chang, du Sejong Institute.
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