mardi 29 décembre 2009

Ultimes appels à la clémence avant l'exécution, en Chine, d'un ressortissant britannique

Le Monde - International, mardi, 29 décembre 2009, p. 6

MISE À JOUR - 29/12/09 : La Chine a exécuté le ressortissant britannique Akmal Shaikh. La Chine a confirmé peu après l'exécution, par injection. Pékin avait fait savoir mardi matin que la Cour suprême chinoise avait approuvé la condamnation à mort du Britannique, justifiant la peine de mort par son caractère dissuasif. L'avis de la Cour suprême précède généralement de peu l'exécution elle-même.

Accusé de trafic de drogue, un Britannique de 53 ans devrait être exécuté en Chine, mardi 29 décembre, devenant le premier étranger à subir la peine capitale en République populaire depuis cinquante ans. Akmal Shaikh avait été arrêté en 2007 à Urumqi, capitale de la province du Xinjiang, dans le Grand Ouest chinois, en possession de 4 kg d'héroïne.

Sa famille et ses défenseurs affirment que M. Shaikh souffre de troubles mentaux et n'est pas un trafiquant. Une association britannique de droits de l'homme spécialisée dans les questions judiciaires, Reprieve, assure même que l'accusé croyait se rendre en Chine pour enregistrer un disque. En arrivant à Urumqi, il serait alors tombé dans les mains d'un gang qui lui a fait transporter la drogue sans le lui dire.

Le premier ministre britannique, Gordon Brown, est intervenu ces derniers jours pour tenter de convaincre son homologue chinois, Wen Jiabao, que la santé mentale du condamné devrait être prise en considération. La semaine dernière, un porte-parole du Foreign Office a annoncé que les autorités chinoises ont confirmé qu'Akmal Shaikh " doit être exécuté mardi ". " Nous allons utiliser les derniers jours qui restent pour intensifier nos appels à la clémence. Nous regrettons profondément que les questions - au sujet de l'état psychiatrique de M. Shaikh - n'aient eu aucun impact dans le jugement final en dépit des demandes des avocats et des appels répétés du premier ministre - britannique - , des membres de l'opposition - en Grande-Bretagne - et de l'Union européenne ", a conclu le communiqué.

Si, comme tout le laisse croire, le condamné est exécuté, l'affaire pourrait tendre un peu plus les relations entre Londres et Pékin peu après qu'un ministre britannique eut accusé la Chine d'avoir fait capoté les négociations. La Chine a défendu sa décision en fin de semaine, affirmant, par le biais de la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Jiang Yu, que le jugement a été rendu " en accord avec les lois " et que " le trafic de drogue est un crime grave ".

Deux cousins d'Akmal Shaikh sont arrivés ce week-end à Urumqi, assistés de responsables consulaires britanniques. Ils ont demandé à rencontrer leur parent dans la journée de lundi, ce dernier n'ayant eu aucun contact avec sa famille depuis deux ans. Dans une lettre adressée au président chinois Hu Jintao, l'un d'eux a espéré qu'une expertise médicale puisse déterminer que l'état de santé mentale du condamné " ne le rend pas aussi coupable que ceux qui, en Chine, sont passibles de la peine de mort ".

Bruno Philip

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