Chinois et Iraniens sont les héritiers de grands empires, fiers de leur passé et désireux de renouer avec leur ancienne gloire. Hormis cette conscience historique commune, qu'est-ce qui relie ces deux peuples par ces temps troublés ? Au niveau des Etats, la Chine fournit les instruments de censure de l'Internet et, selon l'opposition iranienne, des nouveaux véhicules blindés pour disperser les émeutiers à coups de jets d'eau bouillante ou de gaz lacrymogènes (information démentie par Pékin). Et puis elle protège Ahmadinejad et son programme nucléaire contre toute nouvelle sanction internationale. Les dirigeants chinois sont des partisans de l'ordre et de grands amateurs d'hydrocarbures perses.
C'est tout ? Non. Car, à l'autre extrémité du spectre politique, au niveau du peuple justement, des Chinois se mobilisent depuis fin décembre pour apporter leur soutien aux manifestants iraniens. Une fois de plus, le ralliement s'effectue par Internet. Twitter étant bloqué en Chine, ces cyberactivistes de la liberté ont créé un site de rassemblement nommé « CN4Iran » ou « la Chine pour l'Iran », qui permet de contourner la censure. Tous leurs « tweets » (courts messages) sont ainsi rassemblés sur ce portail également visité par des Iraniens.
Sur la page d'accueil du site, on peut lire ce slogan : « Nous vous regardons, nous vous soutenons. Allez, nos grands amis iraniens, allez ! » Vendredi, le site était encore accessible de Chine, et plusieurs messages dénonçaient les exécutions d'opposants iraniens.
Joint par e-mail par Voice of America, l'un des organisateurs - anonyme - du site « CN4Iran » a expliqué que la Chine et l'Iran avaient des choses en commun. C'est pourquoi des Chinois s'intéressent à l'Iran, un pays qui n'est pas libre. D'après lui, cette activité n'est pas illégale, ni « hypersensible ». Ai Weiwei, un artiste qui s'impose depuis un an comme l'un des ténors de la « cyberopposition » chinoise, s'est aussi défoulé sur ce sujet. C'est le dernier épisode en date d'une politisation croissante des internautes chinois.
© 2010 © Rossel & Cie S.A. - LE SOIR Bruxelles, 2010
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