Les investisseurs parient sur une réévaluation du yuan cette année, alors que la pression internationale s'accroît sur Pékin.
La Chine s'inquiète de voir affluer des capitaux spéculatifs dans son économie. Leur montant pourrait être « énorme », a ainsi alerté Zhang Xiaoqiang, directeur adjoint de la puissante National Development and Reform Commission (NDRC), organe clé de la mise en place des réformes en Chine. Fin décembre, les chiffres des réserves de change, publiés par la banque centrale, montraient une croissance des capitaux entrants de 37,2 milliards de dollars sur le mois de novembre, dont 16 milliards pourraient être de l'argent spéculatif. D'après Zhang Xiaoqiang, un nombre croissant de spéculateurs ne parient pas sur une appréciation du yuan en 2010, alors que la croissance du PIB pourrait atteindre 10 % et que l'inflation importée menace.
Tout juste publiée sur le site officiel de la commission, la mise en garde du directeur adjoint de la NDRC est loin d'être isolée. Le 27 décembre dernier, Fan Gang, conseiller de la banque centrale et membre du comité en charge de la politique monétaire, mettait ainsi en garde contre les « bulles d'actifs » que ne manquera pas de créer cet afflux de capitaux à risques. La banque centrale chinoise n'hésite pas à égratigner la politique des banques centrales occidentales, accusées de pratiquer des taux d'intérêt trop faibles, ce qui pousse à la spéculation. Fan Gang fait allusion à la technique du « carry trade », qui consiste à emprunter dans une devise à faible rendement pour investir dans une monnaie plus rémunératrice, en jouant sur le différentiel de taux d'intérêt entre deux pays.
Les pressions internationales pour une réévaluation de la monnaie chinoise, de nouveau arrimée au dollar depuis juillet 2008, s'intensifient avec la crise. Washington et Bruxelles n'ont de cesse de dénoncer un yuan sous-évalué qui maintient les exportations chinoises anormalement bon marché, aggravant les déficits américain et européen face à la Chine.
Réguler les prêts immobiliers
Des pays émergents pourraient également être victimes de la politique monétaire chinoise, notamment le Brésil, qui redoute de moins exporter en Chine, alors que le real s'est fortement apprécié face au dollar. La République populaire n'entend cependant pas changer de position, comme le rappelait le premier ministre Wen Jiabao, il y a dix jours.
Si les dirigeants chinois maintiennent leur politique de change accommodante, c'est qu'ils craignent la fragilité de leur reprise. Au total, plus de 900 milliards d'euros ont été prêtés par les établissements chinois en 2009, ce qui alimente déjà la spéculation immobilière tout en menaçant les bilans bancaires. Le gouverneur de la banque centrale, Zhou Xiaochuan, veut réguler le rythme des prêts pour « éviter des turbulences excessives », a-t-il prévenu hier. En attendant, cette source de financement permet à Pékin de narguer le reste du monde avec une insolente croissance. Selon les premiers chiffres avancés par M. Zhang de la NDRC, le produit intérieur brut (PIB) chinois a progressé de 8,5 % en 2009.
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