Le gouvernement a confié à trois banques publiques le projet de création des premières sociétés de crédit à la consommation du pays. Pékin espère que ces nouvelles structures contribueront à débloquer une demande intérieure.
Si le gouvernement chinois dit vouloir calmer en 2010 la « générosité » de ses banques d'Etat à l'égard des entreprises publiques et des collectivités locales pour éviter une nouvelle explosion des taux de créances douteuses au sein de son système financier, il a pour la première fois validé, la semaine dernière, la création de sociétés de crédit à la consommation dans le pays. Pékin espère ainsi doper sa timide demande intérieure, qui ne représente que 35 % du produit intérieur brut - contre plus de 70 % aux Etats-Unis -, et compenser la mauvaise santé des exportations de produits « made in China », toujours déprimées par la lente reprise des croissances en Occident.
Projets sous contrôle
Jusqu'ici, les ménages chinois ne pouvaient accéder à des prêts que pour acquérir un logement ou acheter une voiture. Leurs plus petits projets n'étaient essentiellement financés que grâce à la solidarité familiale ou par le biais d'un système semi-mafieux de « gao li dai » -des prêts illégaux à très fort taux d'intérêt -distribués par des courtiers se faisant connaître par SMS ou petites annonces discrètes.
Au fait des dérives de ces pratiques, la commission de régulation bancaire avait proposé, en mai dernier, après des années de réflexion et d'hésitations, un cadre réglementaire pour lancer dans le pays un système légal de sociétés de crédit à la consommation. Et hier, le régulateur a désigné trois banques pour tester ce type de structures. Bank of China, Bank of Beijing et Bank of Chengdu vont ainsi mener des projets pilotes, contrôlés par le gouvernement dans les mégapoles de Shanghai, Pékin et dans la ville de Chengdu, dont la population est réputée pour son consumérisme.
Dans ces nouvelles sociétés, qui ne seront pas autorisées à encaisser des dépôts, les clients pourront théoriquement négocier l'emprunt d'une somme équivalente à cinq fois leurs revenus mensuels pour financer leurs achats de « biens durables » ou un projet personnel.
Si les nouvelles règles n'excluent pas nommément les sociétés étrangères spécialisées dans ce service, les contraintes liées à leur enregistrement -volume d'actifs immobilisés, années d'expérience dans le pays et obligation de rentabilité dans les activités passées -devraient compliquer, dans un premier temps au moins, l'installation des groupes occidentaux, qui ont longtemps cru pouvoir profiter de ce marché chinois potentiellement énorme.
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