lundi 11 janvier 2010

Le rebond des exportations chinoises relance le débat sur le yuan

Les Echos, no. 20590 - International, lundi, 11 janvier 2010, p. 6

En décembre, les exportations chinoises ont progressé de 17,7 %. Nargués par la santé de la croissance chinoise, les partenaires commerciaux de Pékin vont réclamer avec de plus en plus d'insistance une réévaluation du yuan dont le cours est accroché à celui du dollar depuis plus d'un an et demi.

Après avoir reculé pendant treize mois, les exportations chinoises ont enregistré une progression, en glissement annuel, de 17,7 % en décembre 2009. Selon les statistiques des douanes, les exportations de produits « made in China » auraient atteint un montant de 130,7 milliards de dollars le mois dernier, pour totaliser 1.202 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année et propulser le pays à la place de premier exportateur mondial devant l'Allemagne.

Si elle était attendue par les experts, cette reprise du mois de décembre va relancer le débat sur la valeur du yuan, dont le cours est depuis dix-neuf mois « accroché » à celui du dollar. Nargués par ce regain de santé des exportateurs chinois, les grands partenaires commerciaux du pays devraient, dans les prochaines semaines, durcir le ton contre la sous-évaluation du yuan, pour notamment répondre aux pressions de leurs propres entreprises qui ont constaté, l'an dernier, une augmentation de la part de marché des produits « made in China » dans de nombreux pays.

Si la valeur globale des exportations chinoises a bien reculé de 16 % l'an dernier, les exportations des autres pays ont plus souffert encore du ralentissement économique. Les statistiques américaines montrent ainsi que les Etats-Unis ont importé 15 % de moins de produits chinois sur les dix premiers mois de 2009 par rapport à la même période de 2008, mais également que leurs importations en provenance des autres pays ont, elles, plongé de 33 % sur la même période. Entre janvier et octobre, les importations de marchandises chinoises ont dès lors atteint une part de marché record de 19 % dans le pays. Dans un contexte de taux de chômage fort aux Etats-Unis, ces données ne vont pas manquer d'exacerber les discours protectionnistes au Congrès.

Afflux de capitaux spéculatifs

En Chine même, plusieurs voix plaident également pour une réévaluation du yuan. Zhang Bin, un chercheur lié à l'Académie des sciences sociales, estimait, la semaine dernière, que la période était propice à une soudaine réévaluation de 10 % de la valeur du yuan par rapport au dollar. Elle permettrait, explique-t-il, de stopper d'un coup l'afflux de capitaux spéculatifs qui entre actuellement en Chine, souvent illégalement, pour profiter d'une inéluctable hausse à terme de la devise chinoise. D'autres économistes rappellent qu'un yuan plus fort renforcerait le pouvoir d'achat de la population en faisant baisser la facture globale des importations qui ne cessent de progresser. En effet, en décembre dernier, les importations ont bondi, en glissement annuel, de 55,9 % pour atteindre 112,3 milliards de dollars. Pariant sur une nouvelle accélération de la croissance domestique, les industriels et les géants de l'énergie ont dopé leurs achats de matières premières. Les importations de minerai de fer se sont envolées de 80 % le mois dernier, tandis que les entrées de cuivre enregistraient une hausse de 29 %, en glissement annuel. Et le mois dernier, le pays a importé chaque jour plus_ de 5 millions de barils de brut.

Si elles admettent ces performances, les autorités centrales semblent vouloir se donner un peu de temps pour constater un rebond durable de l'activité et enfin envisager une reprise « graduée » de l'appréciation de leur monnaie. « Il est probable que Pékin laissera repartir le yuan à la hausse à la fin mars », résumait, hier, Lin Songli, un économiste de Guosen Securities.

YVES BOURDILLON

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