Le « barrage vert » cause de nouveaux déboires au gouvernement chinois. Après avoir essuyé de vives critiques de la communauté internationale en essayant d'imposer, l'an dernier, à tous les constructeurs d'ordinateurs travaillant sur le marché chinois l'installation dans leur machine d'un logiciel de filtrage d'Internet baptisé « Green Dam Youth Escort » (« barrage vert pour la jeunesse »), Pékin est attaqué pour contrefaçon devant un tribunal fédéral de Los Angeles par un petit fabricant de logiciel californien.
Le groupe informatique Cybersitter, basé à Santa Barbara, reproche aux autorités chinoises, à sept fabricants de PC et à deux concepteurs locaux d'avoir piraté 3.000 lignes de code de l'un de ses programmes de contrôle parental pour concevoir le logiciel de filtrage « recommandé » par Pékin. Estimant que 56,5 millions d'exemplaires du « barrage vert » inspiré de son logiciel, vendu 40 dollars pièce, ont déjà été distribués dans le pays, Cybersitter réclame 2,26 milliards de dollars de dommages et intérêts. La société, qui avait, dès la présentation du « barrage vert », au printemps 2009, accusé les concepteurs chinois d'avoir pillé ses programmes avait dû renoncer à toute poursuite en Chine. Et pour cause : le gouvernement communiste contrôle totalement le système judiciaire local. Mais, constatant que Pékin comptait aussi proposer ce filtrage aux communautés chinoises à l'étranger, Cybersitter a finalement décidé d'engager une bataille judiciaire devant les tribunaux américains. « L'innovation américaine est l'âme de l'industrie du logiciel et il est vital que les fruits de ce travail soient protégés chez nous comme à l'étranger », a indiqué Greg Gayer, l'un des avocats de Cybersitter.
Système de repérage complexe
Jusque-là, ni les groupes informa tiques mis en cause, comme Lenovo, HP ou Acer, ni le gouvernement chinois n'ont accepté de commenter cette plainte. Mais tous les fabricants s'étaient montrés embarrassés l'an dernier lorsque Pékin avait décidé d'imposer ce logiciel de filtrage sur tous les PC vendus dans le pays. Affirmant vouloir protéger la jeunesse des contenus pornographiques et violents, le régime communiste avait en fait inclus dans ce logiciel un complexe système de repérage de mots clefs empêchant toute connexion à des sites réputés politiquement sensibles. Le « barrage vert », qui complète le système de censure déjà imposé à l'Internet dans le pays, bloque ainsi l'accès à des sites évoquant la répression des émeutes de la place Tiananmen, la crise au Tibet ou les activités du mouvement Falungong. En juin dernier, Pékin a finalement renoncé à rendre ce programme obligatoire dans les PC du pays et a opté pour une installation recommandée.
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