La principale ressource naturelle de l'acier a renchéri en Chine de près de 25 % en quatre semaines. Les capacités de production dans l'industrie sidérurgique sont de plus en plus utilisées. Les prix annuels en 2010 devraient croître d'au moins 20 %.
Goldman Sachs JBWere n'y est pas allé par quatre chemins. Le minerai de fer, la matière de base de l'acier, bénéficie actuellement d'une vague d'« achats de panique » de la part des aciéristes chinois. Rien que mercredi, le prix au comptant des fines du minerai avec une teneur en fer de 62 % enregistré au port commercial de Tianjin a bondi de 2,9 %, manquant de peu les 125 dollars la tonne. Les quatre dernières semaines l'ont vu bondir de près de 25 %, portant ses gains depuis son point bas du 27 mars 2009 à plus de 50 %.
Malcolm Southwood et Paul Gray, analystes chez Goldman Sachs JBWere, affirment que les achats de minerai de fer par les sidérurgistes chinois ont été multipliés par la réduction des cargaisons en provenance d'Australie immédiatement disponibles à la vente. Les producteurs australiens privilégient les livraisons de minerai qui s'inscrivent dans le cadre des contrats annuels. La production chinoise d'acier dépasse régulièrement les prévisions en dépit des promesses faites à intervalles réguliers de contenir sa progression dans des proportions raisonnables. Début 2009, l'objectif officiel de Pékin était de sortir des hauts-fourneaux entre 425 et 475 millions de tonnes d'acier. En fin d'année, la réalité a dépassé d'environ 100 millions de tonnes ces plans, faisant ressortir la production d'acier à 560-575 millions de tonnes. Les capacités de production ont crû dans les mêmes proportions, passant de 600 à plus de 700 millions de tonnes annuels. Les niveaux des stocks de minerai dans les ports commerciaux chinois ont commencé à chuter. Ils correspondent maintenant à moins de trente jours de consommation.
Les aciéristes pénalisés
L'embellie ne concerne plus uniquement la Chine. La sidérurgie accroît l'utilisation de ses capacités de production partout dans le monde. En octobre, elle était de 76 %, soit 17,8 % de plus qu'en décembre 2008, indique Royal Bank of Scotland. Le commerce international de minerai de fer s'en trouve ainsi relancé. En décembre, les exportations brésiliennes, dont 80 % du total sont à attribuer à Vale, le numéro un mondial de cette ressource naturelle, ont augmenté de 10 % par rapport à novembre et d'un solide 76 % en rythme annuel, à 24,2 millions de tonnes. A près de 125 dollars la tonne, les prix spot chinois sont encore très en dessous du pic historique de 210 dollars la tonne atteint en avril 2008.
Toutefois, l'envolée est particulièrement défavorable aux aciéristes engagés dans les négociations pour la fixation des cours annuels en 2010 pour les livraisons à compter du 1er avril. Au moment du démarrage des pourparlers, courant décembre, les experts tablaient sur une hausse probable des prix d'environ 10 %. Aujourd'hui, les spécialistes relèvent en toute hâte leurs prévisions à + 20 %. Barclays Capital, qui partage néanmoins l'objectif de + 20 %, considère que même ce pourcentage de hausse pourrait se révéler « conservateur ». Les plus audacieux, à l'instar de JPMorgan Cazenove, misent carrément sur un renchérissement de 40 %. Le double de ce qu'ils prédisaient il y a peu.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire