mercredi 6 janvier 2010

Les entreprises chinoises poursuivent leurs rachats à l'étranger - Anne Kahn

Le Monde - Economie, mercredi, 6 janvier 2010, p. 14

Les entreprises chinoises ont continué d'acheter des sociétés étrangères à un rythme soutenu en 2009. Quelques grosses opérations - dans le secteur pétrolier en particulier, avec, entre autres, l'offre du pétrolier Sinopec sur le suisse Addax Petroleum - ont maintenu le volume global d'acquisitions à 46 milliards de dollars (32,1 milliards d'euros), soit à peu près autant qu'en 2008 (50 milliards de dollars), mais beaucoup plus que les années précédentes, selon l'étude sur les fusions-acquisitions en 2009 publiée lundi 4 janvier par le cabinet Dealogic. Leur montant ne s'était en effet élevé qu'à 9,6 milliards de dollars en 2006 et à 25,4 milliards en 2007.

L'Australie est le pays dont les entreprises ont été le plus convoitées par les sociétés chinoises, en 2009, avec 58 opérations réalisées, pour un montant global de 10,7 milliards de dollars. Il s'agit en particulier de sociétés minières. Au point que le gouvernement australien commence à s'inquiéter de l'appétit de la Chine pour ses matières premières (Le Monde du 23 décembre 2009).

La Suisse a été le second pays visé, avec seulement deux opérations, mais pour un montant de près de 9 milliards de dollars.

Cette performance chinoise a pu être réalisée malgré le blocage de plusieurs acquisitions, pour des raisons de sécurité ou de patriotisme économique, par les pouvoirs publics des sociétés cibles. Les Etats-Unis se sont ainsi opposés, le 22 décembre 2009, au rachat de la société américaine de mines d'or Firstgold par le groupe public minier chinois Northwest Non-Ferrous International Investment. Canberra a, de son côté, bloqué, en juin 2009, le doublement de la participation du géant de l'aluminium chinois Chinalco dans le groupe minier australien Rio Tinto.

Pendant que des sociétés chinoises faisaient leurs emplettes, d'autres étaient au contraire la cible d'acquéreurs, au point que la Chine a aussi été, symétriquement, le terrain du plus grand nombre d'opérations de fusions-acquisitions, selon Dealogic. Globalement, les entreprises du monde entier ont, en revanche, fortement réduit les montants consacrés aux achats de sociétés en 2009, de 32 % par rapport à 2008 et de 53 % par rapport à 2007, selon Thomson Reuters. C'est en Europe que les opérations ont le plus fortement ralenti, de 54 %, contre une baisse de 24 % aux Etats-Unis.

Certes, quelques opérations de fusions-acquisitions transfrontalières d'envergure ont eu lieu en Europe ou aux Etats-Unis en 2009. L'une des dernières en date étant l'acquisition de l'américain Chattem par le laboratoire Sanofi-Aventis, annoncée le 21 décembre 2009. Suivant de peu l'offre d'acquisition de l'assureur Axa Asia Pacific par la Banque nationale d'Australie (NAB), annoncée le 17 décembre 2009.

Finance, énergie et santé

Les secteurs dans lesquels les concentrations ont été les plus importantes sont la finance, suivi, de l'énergie et de la santé, selon Dealogic.

Les fusions-acquisitions vont-elles repartir à la hausse en 2010 ? Les taux d'intérêt bas et les niveaux de valorisations jugés intéressants par les spécialistes pourraient le laisser croire, bien que ces valorisations, faibles en début d'année 2009, aient recommencé à augmenter durant les trois derniers trimestres, selon Dealogic. Les entreprises chinoises continueront d'en profiter, d'autant que ce pays dispose d'importantes réserves de devises.

Les dirigeants occidentaux, préoccupés par la réduction de leurs coûts et réticents à investir, seront sans doute plus prudents. Une grande entreprise européenne sur cinq serait néanmoins prête à faire une acquisition importante, selon une enquête conjointe, publiée en décembre 2009, du cabinet de conseil Boston Consulting Group et de la banque UBS, auprès de 166 dirigeants de grandes sociétés cotées.

Symétriquement, une entreprise interrogée sur trois aurait l'intention de céder une partie de ses activités pour se recentrer ou se restructurer. Ce qui provoquerait une augmentation des opérations de fusions-acquisitions de 20 % en 2010, par rapport à 2009, prédisent les auteurs de l'étude.

De fait, les opérations ont repris en novembre 2009 à un volume qui n'avait pas été observé depuis juillet 2008, précise Dealogic.

PHOTO - Shulin Su, chairman of China's Sinopec Corp, attends a news conference in Hong Kong August 24, 2009. China's Sinopec Corp. , the world's No. 2 oil refiner, said on Monday it plans to raise its crude oil and refining output by up to 10 percent by 2011, as part of a broader overseas expansion.

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