jeudi 7 janvier 2010

Un économiste chinois prône une réévaluation du yuan de 10 %

Le Figaro, no. 20352 - Le Figaro Économie, jeudi, 7 janvier 2010, p. 24

Le chercheur Zhang Bin travaille pour un think-tank proche du gouvernement.

Cette fois-ci, l'appel ne vient pas de Washington ou de Bruxelles mais du coeur même des cercles du pouvoir chinois. C'est un chercheur de la très officielle Académie des sciences sociales (CASS) qui vient d'affirmer que Pékin aurait intérêt à laisser au plus tôt le yuan s'apprécier de 10 % face au dollar.

Selon Zhang Bin, qui travaille au sein de l'Institute of World Economics and Politics de la CASS, un think-tank qui conseille le gouvernement chinois, cette mesure aurait peu d'impact sur l'économie chinoise et sur les sacro-saintes exportations. L'économiste estime que le meilleur moment pour agir est venu. Alors que la pression internationale risque de s'intensifier cette année, Pékin aurait tout à gagner en prenant les devants. Dans le sillage de cette réévaluation, le yuan devrait être autorisé à flotter de 3 % annuellement.

Croissance du PIB de 16 %

Pour Zhang Bin, plus tôt cette appréciation aura lieu, mieux ce sera pour lutter contre l'afflux de capitaux spéculatifs. Le directeur adjoint de la puissante National Development and Reform Commission (NDRC), organe clé de la mise en place des réformes en Chine, vient en effet de mettre en garde contre un afflux massif de cette « hot money », les attentes sur une appréciation à terme du yuan nourrissant une forte poussée de spéculation sur la monnaie chinoise (nos éditions d'hier). Un phénomène qui oblige Pékin à intervenir massivement sur le marché des changes, en achetant du dollar, et en créant du yuan.

Un autre rapport de la CASS met en garde contre une surchauffe chinoise, si les politiques de relance fiscale et monétaire restent inchangées par rapport à 2008. Selon ces chercheurs, la croissance pourrait ainsi atteindre les 16 % !

Il reste à savoir si les experts de la CASS seront écoutés par les dirigeants chinois. Le 27 décembre dernier, le premier ministre Wen Jiabao a opposé une fin de non-recevoir aux demandes internationales sur le yuan, affirmant que la Chine ne devait « absolument pas céder » aux appels de Barack Obama et des Européens. Et la banque centrale chinoise vient de réaffirmer que la Chine devrait laisser le yuan « fondamentalement stable » en 2010.

Arnaud de La Grange

© 2010 Le Figaro. Tous droits réservés.

Bookmark and Share

0 commentaires: