mercredi 24 février 2010

China Unicom s'intéresse à la privatisation du géant des télécoms nigérian - Yann Rousseau


Les Echos, no. 20622
Technologies de l'information, mercredi, 24 février 2010, p. 22
Le numéro deux des télécoms chinois reconnaît envisager un investissement dans le groupe public Nitel, qui espère céder 75 % de son capital pour 2,5 milliards de dollars. Les analystes s'interrogent sur la pertinence de l'opération.

Après plusieurs jours de communication confuse, le géant public chinois China Unicom a reconnu, hier, du bout des lèvres qu'il s'intéressait au processus de privatisation de Nitel, l'ancien monopole d'Etat des télécoms du Nigeria. Bousculé par les rumeurs de presse et de marché, le groupe d'Etat, peu habitué aux exigences de transparence liées aux opérations à l'international, avait pendant près d'une semaine nié toute participation à l'opération avant d'expliquer finalement hier que sa filiale européenne, basée à Londres, avait bien été en contact avec les candidats au rachat de Nitel.

Une « aventure africaine » ?

Dans un communiqué diffusé à Hong Kong, China Unicom, qui exploite des réseaux de téléphonie mobile et fixe en Chine, a indiqué qu'il n'avait pas encore lancé de « négociations formelles » ni signé « d'engagements juridiques contraignants » avec les différents acteurs de la privatisation mais qu'il allait apporter son soutien au processus et pourrait considérer un investissement si « certaines conditions étaient réunies ». La semaine dernière, l'administration nigériane encadrant la vente de Nitel avait affirmé que China Unicom faisait bien partie du consortium ayant présenté l'offre de rachat la plus intéressante aux autorités du pays. Ce regroupement d'entreprises, baptisé « New Generation Consortium », aurait offert 2,5 milliards de dollars au gouvernement d'Abuja pour prendre le contrôle de 75 % de Nitel. L'embarras de China Unicom pourrait être lié à la mauvaise réaction des analystes, qui se sont étonnés de l'implication du deuxième plus grand groupe chinois de télécoms dans une opération sensible, sur un marché nigérian réputé peu porteur. Tout en pointant l'étonnant montant de l'offre faite par New Generation Consortium -elle serait 5 fois supérieure aux propositions de plusieurs autres consortiums -, les analystes se sont publiquement interrogés sur les capacités du groupe chinois à financer sa part du contrat, estimée à 20 % du montant total.

Longtemps concentré sur le seul développement d'un réseau de téléphonie mobile, China Unicom doit digérer depuis 2008, dans le cadre d'une grande réforme des télécommunications chinoises, la coûteuse intégration d'un opérateur de ligne fixe (China Netcom) et multiplier les investissements, notamment dans la 3G, pour tenter, comme Pékin le lui a demandé, de se mettre à niveau de China Mobile, le grand leader domestique du secteur. Peu convaincus par la pertinence dans ce contexte d'une aventure africaine, les investisseurs ont sanctionné, depuis lundi, le titre de l'entreprise par une baisse de 2 % à la Bourse de Hong Kong.

Note(s) :

DE NOTRE CORRESPONDANT À PÉKIN.

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