L'année qui a commencé hier en Chine est placée non seulement sous le signe du Tigre, mais aussi sous celui du frein. Pékin ne pouvait pas en donner meilleur signal que le tour de vis monétaire donné vendredi dernier, juste avant le début des festivités. Les autorités chinoises ayant pour l'instant renoncé à monter le taux d'intérêt qui risquerait d'attirer les capitaux étrangers, elles ont actionné leur instrument classique : le relèvement du taux des réserves obligatoires des banques, qui réduira leur capacité à prêter. Elles l'avaient déjà fait le mois dernier. Mais les signes de surchauffe se multiplient en Chine. En janvier, les banques ont consenti 150 milliards d'euros de nouveaux prêts, autant que ce qui avait été accordé sur les trois derniers mois de 2009. Dans les grandes villes, les prix de l'immobilier ont augmenté de 10 % en un an. Et, si les prix à la consommation ont provisoirement ralenti (de 0,5 % sur un an), ceux à la production sont sur une pente de plus de 4 %. A l'inverse de ce qui se passe en France, le gouvernement entend donc freiner les ardeurs des banquiers. Mais sans casser la croissance, qui reste la priorité absolue. Son resserrement monétaire s'inscrit en fait dans une double logique. D'abord une logique de pays planifié où le sommet décide : le gouvernement cherche à étaler l'octroi de nouveaux crédits tout au long de l'année en évitant les à-coups. Ensuite une logique d'économie de marché, où l'on raisonne sur les calculs des agents économiques : le but devient ici de casser les anticipations inflationnistes, sur les produits de consommation comme sur les actifs financiers, pour éviter les bulles. Vu d'Europe ou d'Amérique, cet assemblage peut paraître étrange. Mais, dans quelques années, l'idée qu'une banque centrale puisse manier l'arme des réserves obligatoires ou agir sur le prix des actifs pourrait bien devenir banale.
© 2010 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire