Les autorités qui ont arrêté cet avocat n'ont donné aucune nouvelle de lui depuis un an.
Il y a eu un an le 4 janvier, des membres de la Sécurité chinoise se rendaient au milieu de la nuit au domicile de Gao Zhisheng, dans son village natal du Shaanxi, et l'emmenaient. Il s'agissait d'avoir une brève conversation avec lui. Depuis, on n'a plus revu ce célèbre avocat et militant des droits de l'homme. Et, de manière plutôt rare, les autorités chinoises ne donnent aucun renseignement sur son sort, alimentant les craintes de sa famille et de ses amis.
Ancien membre du Parti communiste, Gao avait pourtant été bien en cour à une époque, étant même placé dans la liste des dix meilleurs avocats chinois par le ministère de la Justice en 2001, pour sa défense de victimes d'erreurs médicales et d'expropriations illégales. Mais les choses se sont ensuite gâtées, quand il s'est impliqué sur des dossiers sensibles, défendant des chrétiens clandestins ou des disciples du mouvement spirituel Falun Gong, interdit par Pékin en 1999. En 2005, son bureau a été fermé et la vingtaine d'avocats travaillant avec lui se sont vus retirer leur licence. Arrêté peu de temps après, il a raconté ensuite avoir été sévèrement torturé. Des policiers l'auraient alors menacé de mort s'il racontait son calvaire. Ce qu'il a fait, notamment dans une lettre au Congrès américain.
Aujourd'hui, ses proches, maintenus sans nouvelles, craignent qu'il n'ait été torturé, ou même redoutent le pire. Après avoir gagné la Thaïlande, la femme et les deux enfants de Gao Zhisheng vivent maintenant aux États-Unis.
« Spirale négative »
Le cas de Gao est surprenant. Même si le système policier et judiciaire chinois est singulièrement opaque, les autorités finissent généralement par donner des informations sur le sort des détenus. Là, les réponses sont étonnamment floues et désinvoltes, concernant la vie d'un homme. Interrogé il y a deux semaines, Ma Zhaoxu, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a fait cette énigmatique réponse : « Il est là où il doit être. » Sollicité de nouveau mardi dernier, il n'a guère plus rassuré : « Pour parler franchement, je ne sais pas où il est. La Chine a 1,3 milliard d'habitants et je ne peux savoir où ils sont tous. » Certes, sauf que l'homme a été embarqué par des agents de l'État. Diplomates et observateurs n'en finissent pas de s'interroger sur la radicalisation du régime chinois depuis un an et demi. Côté droits de l'homme, le dernier épisode spectaculaire a été la condamnation à onze ans de prison de l'écrivain Liu Xiaobo le jour de Noël.
Une peine, qui, en 2009 et pour de simples écrits, a surpris tout le monde par sa sévérité anachronique. Et qui intervenait un mois après que Barack Obama eut plaidé en sa faveur lors de sa première visite en Chine. Fondateur de la Dui Hua Foundation, John Kamm, un militant américain des droits de l'homme respecté à Pékin pour son approche modérée et pragmatique, a confié au New York Times qu'en trente ans de Chine, il avait rarement observé une ligne aussi dure vis-à-vis des dissidents. En déplorant n'avoir « jamais vu une spirale aussi négative. »
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