jeudi 25 février 2010

La Chine est décidée à s'attaquer au faux cognac - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20623
Industrie, jeudi, 25 février 2010, p. 17


Agroalimentaire

Les grandes maisons saluent la reconnaissance par la Chine de l'indication géographique « Cognac ». Elle doit permettre de renforcer la lutte contre la contrefaçon sur un marché chinois devenu le deuxième plus important au monde.

Après plusieurs années d'intense lobbying, les grandes maisons du cognac et les diplomates français ont pu se réunir mardi soir à Pékin pour célébrer la reconnaissance par la Chine de l'indication géographique « Cognac ». Les producteurs tels que Hennessy, Rémy-Martin ou Martell notent avec satisfaction que leur eau-de-vie est le premier produit étranger à bénéficier officiellement de cette reconnaissance dans le droit chinois. Ils espèrent surtout que cette évolution juridique va leur permettre de renforcer la lutte contre la contrefaçon sur un marché chinois désormais présenté comme le deuxième plus important au monde pour la profession, juste derrière les Etats-Unis.

Malgré un léger recul sur l'ensemble de 2009, les ventes locales de cognac ont retrouvé depuis quelques mois un fort dynamisme avec le rebond de la croissance. « Tous les indicateurs sont de nouveau au vert », assure Jérôme Durand, du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC). Selon ses calculs cumulant les entrées directes de Cognac sur le territoire chinois ainsi que celles organisées par le biais de distributeurs basés à Singapour, le marché chinois absorbe désormais 20 % des ventes annuelles. « Cela représente 26 millions de bouteilles par an et environ 300 millions d'euros de chiffre d'affaires », résume Bernard Guionnet, le président du BNIC.

Contrefaçon professionnalisée

Anticipant une poussée constante de leurs ventes en Chine, les producteurs tentent d'enrayer le développement d'une contrefaçon qui s'est considérablement professionnalisée. Quelques entreprises chinoises continuent d'appliquer de manière artisanale des étiquettes « Cognac » sur des alcools de mauvaise qualité vendus dans des petites échoppes de province. Mais les grandes maisons se méfient surtout des « recycleurs », qui achètent des stocks de bouteilles vides à la sortie des boîtes de nuit et des restaurants avant de les re-remplir de faux cognac et de les remettre dans les circuits de vente. Pour contrer ce trafic, Pernod Ricard a mis au point des bouchons empêchant le remplissage. Rémy Martin travaille, lui, sur un système de codes permettant d'identifier chaque flacon.

Avec la nouvelle reconnaissance « d'indication géographique », qui lie un produit à son territoire et permet de fixer dans le droit ses grandes caractéristiques, les fabricants français espèrent pouvoir plus activement impliquer l'Etat chinois dans leur combat contre les copies. « Avant, les entreprises géraient seules des attaques contre leurs marques. Désormais, c'est le produit lui-même qui pourra être défendu et les groupes pourront mobiliser les autorités qui ont intégré la défense du cognac à leur propre législation sur la propriété intellectuelle », détaille Marie-Lise Molinier, la conseillère agricole auprès de l'ambassade de France en Chine. « Dès cette année, nous allons multiplier les campagnes contre les faux cognac », a promis avec enthousiasme mardi Wu Xiaoming un cadre du Sipo, l'Office national de la propriété intellectuelle, aux grands producteurs, un peu plus sceptiques.

Note(s) :

DE NOTRE CORRESPONDANT À PEKIN.

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