jeudi 25 février 2010

Pékin multiplie les initiatives pour limiter l'explosion du crédit - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20623
International, jeudi, 25 février 2010, p. 7


Chine

Hier, la Commission de régulation bancaire a ordonné aux banques de limiter leurs crédits aux collectivités locales et développeurs immobiliers, deux des grands acteurs de la relance chinoise qui sont accusés d'être responsables de la récente explosion des volumes de prêts dans le pays.

Sans jamais formuler une quelconque remise en cause de sa politique de relance, le gouvernement chinois continue de multiplier les initiatives pour tenter de limiter l'explosion du crédit et de contenir une éventuelle surchauffe dans plusieurs secteurs de son économie. Après avoir déjà validé, depuis le début de l'année, deux hausses des ratios de réserves obligatoires, la Commission de régulation bancaire (CBRC) a annoncé, hier, aux banques commerciales du pays qu'elles allaient désormais devoir freiner leurs crédits aux structures de financement des gouvernements locaux et aux développeurs immobiliers, deux des grands acteurs de la relance chinoise qui sont accusés d'être responsables de la récente explosion des volumes de prêts dans le pays.

Créances douteuses

Pour compenser la baisse d'activité de ses exportateurs, la Chine a déroulé, l'an dernier, un colossal programme de dépenses publiques et ordonné à ses banques de se montrer généreuses. Sur l'ensemble de 2009, les banques du pays ont ainsi débloqué 9.600 milliards de yuans (1.400 milliards de dollars). Si la majorité de ces fonds a été employée par les entreprises d'Etat pour développer leurs activités et par les collectivités locales pour financer des grands travaux demandés par Pékin, une large partie a été illégalement investie en Bourse ou placée dans des opérations immobilières qui font craindre aux autorités centrales une prochaine explosion des créances douteuses. Soucieux d'enrayer ce phénomène, le régulateur bancaire dit vouloir mieux contrôler les prêts alloués aux collectivités locales, qui, n'ayant pas le droit d'emprunter directement, négocient avec les banques de leurs villes de généreux prêts par le biais de véhicules d'investissement -il en existerait plus de 3.000 dans le pays. Dorénavant, a ordonné la CBRC, les prêts à ces structures parallèles seront interdits s'ils ne sont garantis que sur des estimations de recettes fiscales futures. Selon les calculs de l'économiste Shi Lei, de Bank of China, ces restrictions pourraient réduire, sur l'année 2010, d'un tiers les crédits aux gouvernements locaux, qui avaient capté l'an dernier 40 % de tous les nouveaux crédits validés dans le pays.

Autre sources de financement

Conscients que ces nouvelles limitations vont ulcérer les collectivités locales et les inciter à trouver d'autres sources de financement, Pékin a parallèlement demandé à ses banques d'Etat de ne plus valider de crédits destinés à l'achat de terrains par les développeurs immobiliers, qui assurent traditionnellement une large partie des revenus des gouvernements locaux. En l'absence de propriété privée de la terre, les collectivités contrôlent, en effet, le droit d'usage des terrains qu'ils vendent au prix fort aux groupes immobiliers. L'an dernier, ces ventes auraient représenté plus du tiers des revenus des collectivités locales qui alimentent, indirectement, par ces fructueuses opérations, la poussée du prix de l'immobilier, très mal vécue par l'opinion publique.

Note(s) :

DE NOTRE CORRESPONDANT À PEKIN.

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