La vente d'armes américaines à Taïwan provoque la colère de Pékin, qui pour la première fois, menace de sanctions les entreprises impliquées.
La question taïwanaise a beau avoir été marquée par un spectaculaire réchauffement des relations entre Pékin et Taïpeh ces derniers mois, elle reste des plus sensibles. Au point de provoquer le premier sérieux accrochage entre les dirigeants chinois et l'Administration Obama. La Chine a vivement protesté vendredi contre la vente d'armes américaines pour 6,4 milliards de dollars à l'île rebelle, mettant en garde contre de « graves » répercussions sur les relations sino-américaines.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi (PHOTO), a poursuivi hier dans l'escalade verbale en affirmant que la décision américaine « endommageait la sécurité nationale » de la Chine et « la grande tâche de la réunification » avec Taïwan. Il a sommé les États-Unis de corriger d'urgence leur erreur sous peine d'une plus « grande détérioration » des relations entre les deux pays. Pékin a d'ailleurs annoncé la suspension immédiate des relations militaires qui avaient été renouées au printemps dernier entre les deux pays,.
Surtout, la Chine a pour la première fois menacé de sanctions les entreprises américaines impliquées dans les ventes de ces systèmes d'armes. Le département d'État a regretté les annulations de visites militaires et ces menaces contre des entreprises américaines. Et justifié des ventes d'armes qui « contribuent à maintenir la sécurité et la stabilité dans le détroit de Taïwan ». La réaction chinoise était bien sûr prévisible et prévue, mais elle a surpris par sa virulence. D'abord parce que cette décision américaine n'est que la concrétisation d'une vente dont le principe avait été entériné par l'Administration Bush. Ensuite parce que les armements les plus sensibles - chasseurs F-16 et sous-marins - dont voudrait se doter Taïwan, n'ont pas été retenus dans ce « paquet ». La vente porte surtout sur 60 hélicoptères Black Hawk, 114 missiles antimissiles Patriot, deux navires chasseurs de mines Osprey et des missiles antinavires Harpoon.
Appels au boycott en ligne
Il reste à voir si les menaces de rétorsion contre des firmes américaines seront suivies d'effets. La liste des entreprises concernées comprend Lockheed Martin, Raytheon, United Technologies, mais aussi Boeing, dont une branche construit les missiles Harpoon. Or, la Chine est un marché important pour l'avionneur, et les achats d'avions pour les différentes compagnies chinoises, centralisés par Pékin, ont toujours une forte connotation politique. De manière plus générale, la presse chinoise faisait grand cas hier de l'ire de l'opinion publique.
Le Global Times, journal influent, connu pour ses prises de position nationalistes, et l'un des grands portails Internet chinois, Sohu, ont lancé une pétition en ligne. Sont apparus sur ces forums des appels au boycott des produits américains, peu réalistes mais symboliques des frictions croissantes. En sus des tensions commerciales qui ne cessent de se nourrir, le prochain sujet politique de fâcherie sino-américaine sera la rencontre entre Barack Obama et le dalaï-lama, qui pourrait avoir lieu dès ce mois-ci.
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