Le riche sous-sol australien ne cesse d'attiser les appétits chinois, et les terres rares n'échappent pas à cette convoitise. L'Australie détiendrait 5,9 % des réserves mondiales de ces minerais stratégiques, selon l'institut américain d'études géologiques, l'US Geological Survey.
Plusieurs projets d'exploitation sont en cours. La compagnie australienne Lynas, qui possède un des plus gros gisements du monde, à Mount Weld, en Australie-Occidentale, prévoit de produire 11 000 tonnes de terres rares dès 2011. Une autre société, Arafura Resources, espère commencer à exploiter le gisement de Nolans, dans le Territoire du Nord, en 2012, à condition que l'étude de faisabilité financière du projet actuellement en cours soit probante.
Sans attendre, les entreprises chinoises sont déjà passées à l'offensive. La compagnie East China Mineral Exploration and Development Bureau possède 25 % du capital d'Arafura Resources. Il y a quelques mois, profitant des difficultés des entreprises australiennes affaiblies par la crise financière mondiale, China Nonferrous Metal Mining a voulu racheter 51 % de Lynas.
L'opération était sur le point de réussir jusqu'à ce que le Foreign Investment Review Board (FIRB), organisme chargé d'approuver les demandes d'investissements étrangers, exige que la prise de participation chinoise soit inférieure à 50 %. L'entreprise chinoise a retiré son offre. Si le FIRB n'a pas motivé publiquement sa décision, le fait que la Chine contrôle 95 % de la production mondiale a pesé, selon les spécialistes du secteur. " Le FIRB est désormais conscient que la Chine tente de monopoliser les ressources sur le marché international. Il n'aurait pas été aussi concerné si cela avait été une reprise par une compagnie occidentale ou japonaise ", commente John Lee, chercheur au Centre d'études indépendantes de Sydney.
Partenariat avec la France
La Chine n'est pas le seul pays à s'intéresser aux terres rares australiennes. En janvier, Lynas a renforcé son partenariat avec Rhodia-Silcea en prolongeant sur dix ans le contrat d'approvisionnement du groupe français. Les deux partenaires vont, par ailleurs, collaborer à la création d'une usine de traitement de minéraux en Malaisie. " Nous apportons à Lynas un savoir-faire technique et un financement qui manque à de nombreux projets ", note Emmanuel Butstraen, directeur général de Rhodia-Silcea.
Alors que la demande mondiale de terres rares s'accroît, l'Australie pourrait donc devenir un exportateur important pour les pays cherchant d'autres fournisseurs que la Chine. " L'Australie a les technologies d'extraction et de purification les meilleures au monde. Cela signifie qu'elle pourrait devenir un producteur de métaux rares très efficace ", confirme John Lee.
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