International, vendredi, 26 février 2010, p. 6
Bilatéral
La Commission économique et de sécurité Etats-Unis - Chine a convié plusieurs experts pour les interroger sur les achats de titres émis par le Trésor par les investisseurs chinois.
Sans doute inquiet des récentes statistiques publiées par le Trésor américain révélant des ventes de titres du Trésor américain par le gouvernement chinois depuis le mois de juillet dernier, les parlementaires américains cherchent à comprendre. A cet égard, la Commission économique et de sécurité Etats-Unis-Chine, une entité créée en 2000 pour enquêter au profit du pouvoir législatif sur les relations entre les deux pays, a invité, hier, cinq économistes, un financier et un parlementaire, le républicain Frank Wolf, à témoigner devant elle. Parmi eux figure l'ancien économiste en chef du Fonds monétaire international, Simon Johnson.
Les spéculations vont bon train aux Etats-Unis depuis que le 16 février a été annoncée la plus forte baisse des avoirs chinois (publics et privés) en bons du Trésor depuis 2000 : en décembre, ceux-ci ont fondu de 4,3 % à 768,8 milliards de dollars. Mais, en l'absence de représentants du gouvernement, la Commission ne devrait pas obtenir beaucoup de détails sur ce que sait le département du Trésor et la Réserve fédérale quant aux raisons de cette baisse.
Face au coup de boutoir de la Chine qui plaide aux côtés de la Russie et du Brésil notamment pour un rôle moins important du billet vert en tant que monnaie de réserve internationale, les élus américains veulent comprendre. D'autant plus que la baisse des avoirs chinois a été longuement commentée dans la presse américaine, à un moment où les autorités chinoises ont haussé le ton vis-à-vis des Etats-Unis suite aux ventes d'armes à Taiwan et à la réception du dalaï-lama à la Maison-Blanche. « La vérité est que ces chiffres fluctuent et qu'il y a une large palette de détenteurs de dette du Trésor », a simplement déclaré le 18 février dernier le conseiller économique du président Barack Obama, Lawrence Summers, sur la chaîne CNBC. En outre, si l'on prend en compte l'évolution des avoirs de réserves de Hong Kong détenus en dollar, la Chine a continué d'augmenter ses positions sur le marché de la dette américaine.
« Enchérisseurs indirects »
Néanmoins, ces derniers jours, plusieurs mouvements inhabituels sont intervenus. Mardi, une adjudication habituelle de bons du Trésor à échéance quatre semaines a donné lieu à un événement inédit : la demande d' « enchérisseurs indirects » (donc étrangers) a été satisfaite à 100 % pour la première fois depuis avril 2008. Ces acheteurs privés ou publics, dont des banques centrales, ont proposé de loin les prix les plus élevés, avec un rendement allant jusqu'à 0 %. Le même jour, ces investisseurs ont pris 54 % d'une émission de 44 milliards de dollars à deux ans, la part « la plus élevée depuis juin 2009 » pour ce genre de bons, ont relevé les analystes de Barclays interrogé par l'AFP. « Tant que la Chine voudra exporter vers les Etats-Unis, elle nous renverra les dollars » accumulés avec les excédents commerciaux, considère Howard Simons, stratégiste chez Bianco Research. Les achats de titres du Trésor par la Chine ont encore de beaux jours devant eux.
R. H.
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