vendredi 19 février 2010

Les Chinois rachètent des mines sur tous les continents - Elsa Bembaron

Le Figaro, no. 20389 - Le Figaro Économie, vendredi, 19 février 2010, p. 24

Ils ont effectué plus du quart des acquisitions mondiales l'an passé.

La crise n'a pas ralenti le rythme des fusions-acquisitions dans la mine, mais elle a pesé sur le montant des transactions. 1 047 opérations ont été conclues l'année dernière, une centaine de plus qu'en 2008, pour un total de 60 milliards de dollars, un montant divisé par deux par rapport à un an plus tôt, d'après une étude réalisée par Ernst & Young. « L'assèchement des crédits bancaires a largement contribué à cette chute », analyse Christian Mion, associé Global Mining Team d'Ernst & Young.

Pas de quoi ralentir l'appétit des groupes chinois, qui ont réalisé 27 % des acquisitions, pour un total de 16 milliards de dollars. Au cours des dix dernières années, la Chine a bouclé 369 opérations à travers le monde, pour un total de 50 milliards de dollars. L'Australie a été leur principale cible l'an passé, avec des acquisitions dans le charbon, le cuivre et le minerai de fer. Et ce, alors que Canberra a été plus que réticent aux rachats chinois. « Mais pour des raisons diplomatiques et économiques, l'Australie pourrait adoucir sa position et permettre aux Chinois de renforcer leur présence », analyse Christian Mion.

Ce ne sera toutefois pas suffisant à satisfaire les besoins de la Chine en matières premières. Des opérations ont été réalisées en Mongolie, au Canada. Il y a un vrai potentiel minier en Afrique, mais la Chine va devoir redorer son blason sur ce continent.

Cessions d'actifs

Cette année, les rapprochements entre groupes miniers devraient se poursuivre, mais rester à un niveau inférieur à celui de 2008, en valeur. Sauf si un « mégamariage » est conclu. Le suisse Xstrata n'a pas entièrement renoncé à racheter Anglo-American, en dépit de l'opposition de la présidente de ce dernier.

Les grands groupes miniers devraient continuer à céder leurs actifs « non stratégiques », tout en poursuivant leur politique de diversification. Ainsi, l'entrée du brésilien Vale dans les fertiliseurs (élaborés à partir de phosphates) pourrait donner des idées à d'autres, à commercer par les deux autres mastodontes du secteur, BHP Billiton et Rio Tinto.

Mais l'un des plus profonds effets de la crise financière sur le secteur des mines et métaux est ailleurs. Le monde a perdu au moins deux ans de croissance de ces capacités de production, à cause des reports de projets et des fermetures de mines. Un retard qui risque, à terme, de peser sur les prix... et qui aiguise d'autant les ambitions chinoises.

PHOTO - A man works at a steel market in Shenyang, northeast China's Liaoning province, October 30, 2007. European steelmakers asked the European Commission on Monday to impose anti-dumping duties on imported steel from China, South Korea and Taiwan, launching what could be a major trade battle.

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