Face à la décision chinoise de céder une partie de ses bons du Trésor américain, Washington a choisi de durcir le ton sur les changes et le commerce.
Après la politique de la main tendue, l'heure est plutôt à la remontrance réciproque. Depuis le durcissement de ton de Barack Obama sur la sous-évaluation du yuan, début février, jusqu'aux allusions voilées de son conseiller économique, Lawrence Summers, aux effets pervers des « politiques mercantilistes » à Davos, tout concorde pour indiquer un changement de phase dans la relation sino-américaine. La décision de Pékin de réduire ses réserves en bons du Trésor américain est déjà perçue comme une mesure de rétorsion. Mais les ponts ne sont cependant pas rompus : la Maison-Blanche insiste pour présenter le dalaï-lama davantage comme un guide spirituel que comme un leader politique.
« Désaccords ponctuels »
« Le dalaï-lama est un leader religieux internationalement respecté et porte-parole des droits tibétains, et le président se réjouit d'engager un dialogue constructif », a souligné le porte-parole de la Maison-Blanche. Il estime que la relation est suffisamment « mature » entre Pékin et Washington pour ne pas être sérieusement entamée par des « désaccords ponctuels ». Mais nul n'ignore dans l'entourage du président américain qu'il s'expose désormais à un net refroidissement des relations avec Pékin pendant plusieurs mois, voire à des mesures de rétorsion sur le front du durcissement des sanctions imposées à l'Iran ou même des réserves chinoises en bons du Trésor américain.
Parmi les principales sources de tension, la sous-évaluation du yuan depuis son indexation de fait sur le dollar à la mi-2008 et l'aggravation du déficit commercial américain vis-à-vis de la Chine restent des sujets de préoccupation majeurs pour l'administration Obama, qui s'est fixé pour objectif de doubler le niveau des exportations américaines en cinq ans. Un signal de détente pourrait venir sur le front des taux de change, le chef économiste de Goldman Sachs, Jim O'Neil, prévoyant que Pékin consente prochainement à une réévaluation de 5 % de sa monnaie pour « freiner son économie et l'inflation ».
PIERRE DE GASQUET
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