La recherche scientifique est bénéfique pour la croissance économique qui, à son tour, lui donne les moyens de progresser. Le gouvernement chinois a bien compris ce cercle vertueux.
Thomson Reuters Evidence a montré qu'en 2008 le nombre d'articles publiés en Chine dans les revues de spécialistes avait quintuplé en dix ans. Cette expansion est le résultat logique du développement des infrastructures dédiées et de la population étudiante. Quand un pays compte de plus en plus de scientifiques de mieux en mieux formés, son effort d'investissement - en l'occurrence 1 % du produit intérieur brut (PIB) chaque année - paie davantage. Si sa production d'articles scientifiques continue d'augmenter à ce rythme, la Chine ravira la première place en la matière aux Etats-Unis en 2017.
Elle n'est toutefois pas près de prendre le relais dans le domaine de l'innovation technologique. La population chinoise est très nombreuse et encore pauvre. C'est pourquoi le ratio du volume d'articles publiés par habitant est un bien meilleur indicateur du dynamisme national que le nombre d'articles en lui-même.
Si l'on prend en compte ce taux, la performance de la Chine équivaut seulement à 8 % de celle des Etats-Unis. Elle est même inférieure à celles du Brésil et de la Russie, qui atteignent respectivement 14 % et 18 % du niveau américain. A titre de comparaison, les chiffres sont de 94 % pour l'Allemagne et de 86 % pour la France. Le Japon est un peu à la traîne avec 57 %.
On peut aussi se faire une idée de la relation entre l'effort de recherche et la prospérité en rapportant le nombre de publications scientifiques au PIB. Le ratio chinois vaut alors 53 % du ratio américain. En d'autres termes, l'économie chinoise produit moitié moins de « science » que les Etats-Unis. A l'inverse, l'Allemagne (127 % du ratio américain) et la France (123 %) sont proportionnellement plus actives.
Le gros des articles chinois est encore concentré sur des domaines qui peuvent contribuer à la santé des exportations. Au cours des cinq dernières années, la Chine a produit 21 % des textes traitant des sciences des matériaux, et 17 % des articles relatifs à la chimie. Le contraste est saisissant avec l'agriculture et la biologie moléculaire, où sa production ne représente que 5 % du total mondial.
Finalement, dans le domaine scientifique, la Chine reste le benjamin des Etats-Unis et de l'Europe. Un benjamin qui promet de faire mieux à l'avenir, au fur et à mesure que le pays s'enrichit.
Martin Hutchinson et Edward Hadas
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