Le gouvernement australien exprime de sérieuses réserves sur les lourdes condamnations reçues par les quatre anciens salariés de Rio Tinto.
Le lendemain des déclarations d'apaisement avec Pékin, le gouvernement australien est parti à l'attaque de la rude sentence infligée par un tribunal de Shanghai à quatre anciens représentants de Rio Tinto dans le pays (« Les Echos » du 30 mars). C'est au Premier ministre, Kevin Rudd, qu'est revenue la lourde tâche de commenter l'épineux sujet. Il s'en est notamment pris au secret des audiences consacrées au chef d'inculpation d'espionnage commercial, en soulignant que ce procédé a laissé « des questions sérieuses sans réponse à propos de cette condamnation ». Il en a conclu que la Chine a perdu une occasion « defaire preuve face au monde entier d'une large transparence qui serait conforme à son rôle global émergent ». Kevin Rudd a aussi exprimé des réserves quant à l'accusation de corruption et à la façon dont la cour a traité les accusés.
Offensive détonnante
Irrité par ces commentaires, le régime de Pékin a vivement réagi. Le porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Qin Gang, a affirmé que l'Australie « devrait respecter le résultat du procès et arrêter de faire des remarques irresponsables ». « Nous exprimons des préoccupations sérieuses » sur les commentaires faits par des membres du gouvernement australien, a-t-il martelé hier.
L'offensive de Canberra détonne singulièrement avec le lâchage de ses employés opéré par Rio Tinto sitôt connu le jugement. Lâchage qui s'est soldé par le licenciement pur et simple de ses quatre salariés. En particulier, le groupe s'est rangé à l'opinion de la cour en matière de pots-de-vin reçus par ses représentants de Shanghai. Le calvaire de ces derniers pourrait se poursuivre au-delà des condamnations subies en Chine. L'ASIC (Australian Securities & Investments Commission), le régulateur du marché australien, et le Serious Fraud Office (SFO) britannique pourraient se saisir à leur tour de l'accusation de corruption.
MASSIMO PRANDI
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire