vendredi 26 mars 2010

INTERVIEW - Mathilde Lemoine : "Un impact limité à attendre de la reprise asiatique"

Les Echos, no. 20644 - France, vendredi, 26 mars 2010, p. 2

Mathilde Lemoine, directeur des études économiques et de la stratégie marchés de hsbc france.

L'Insee estime que la reprise de la demande dans les pays asiatiques a contribué à sortir de la récession des pays avancés à la mi-2009, dont la France. Mais cet impact est ponctuel car lié aux plans de relance.

La secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, ne cesse de le répéter : il faut que les entreprises françaises aillent tirer profit de la reprise actuellement bien plus vive dans les pays émergents qu'en Europe ou aux Etats-Unis. Et l'Insee l'a redit hier : face à une demande sans tonus sur le Vieux Continent, « les sources de croissance sont peut-être plus à rechercher du côté des économies émergentes, notamment asiatiques ». La récente dépréciation de l'euro face au dollar est d'ailleurs un facteur favorable puisqu'elle permet de rendre les produits européens plus compétitifs.

Dans un dossier intitulée « L'Asie émergente peut-elle tirer la reprise mondiale ? », l'institut statistique explique que la reprise de la demande dans les pays asiatiques a effectivement contribué à sortir de la récession des pays avancés à la mi-2009. Cela a été particulièrement vrai pour les Etats-Unis et le Japon, dont les échanges extérieurs dépendent plus fortement de pays asiatiques en développement du fait de leur proximité géographique.

La France, dont environ seulement 10 % des exportations vont vers l'Asie, pourrait paraître mal placée. Pourtant, l'Insee estime qu'elle a bénéficié elle aussi d'un surplus de croissance de 0,35 point en moyenne par trimestre au deuxième et troisième trimestres 2009, grâce à la reprise des importations observées dans le Sud-Est asiatique. Un chiffre non négligeable qui s'explique en réalité par des effets indirects, via le jeu de la reprise des échanges internationaux.

Effet en cascade

En clair, la France a surtout bénéficié de la reprises asiatique via ses principaux partenaires, au premier des rang desquels figure l'Allemagne. Les exportations allemandes sont plus tournées vers l'Asie et ont donc directement bénéficié de la reprise dans cette zone. Par ailleurs, l'Allemagne a également bénéficié d'effets indirects via les Etats-Unis. Avec cet effet en cascade, « l'Allemagne a transmis cette impulsion asiatique au reste de l'Europe », indique l'institut statistique.

Reste que ce soutien asiatique s'avère très temporaire. « Dans une optique de plus long terme, compte tenu de la structure actuelle du commerce mondiale et de la relative étroitesse de la demande intérieure des pays asiatiques, leur capacité à tirer la croissance des économies avancées paraît plus limitée », écrit l'Insee. Si l'impulsion a été ponctuelle, c'est qu'elle a, en réalité, été très liée à la mise en place des plans de relance, en particulier en Chine où il a été massif (12 % du PIB) et rapide (dès novembre 2008). L'effet bénéfique est donc surtout derrière nous.

FREDERIC SCHAEFFER

PHOTO - SHANGHAI, CHINA - MARCH 25: Labourers decorate the inside of the China Pavilion on March 25, 2010 in Shanghai, China.

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