La plus grande banque du monde a vu son profit net progresser de 16 % l'an dernier pour atteindre 14,17 milliards d'euros. Elle promet de calmer la croissance de ses prêts et annonce la levée prochaine d'au moins 2,7 milliards de capitaux frais.
Portée par l'explosion l'an dernier du crédit en Chine, Industrial Commercial Bank of China (ICBC), qui est présentée comme la plus grande banque du monde avec une capitalisation de 232 milliards de dollars, a enregistré, en 2009, une progression de son profit net de 16 %. Si ce rythme de croissance, qui a souffert du faible niveau des taux d'intérêt, est bien inférieur aux performances enregistrées par le groupe depuis 2004, il permet tout de même à la société publique de confirmer son statut de banque la plus rentable du monde avec un résultat net de 128,65 milliards de yuans (14,17 milliards d'euros). Fin janvier, la banque américaine Goldman Sachs avait, elle, dévoilé un bénéfice net de 13,4 milliards de dollars (10,04 milliards d'euros).
L'an dernier, le groupe chinois a pleinement participé à la campagne de soutien à l'économie orchestrée par le gouvernement central en validant 16,2 % de prêts de plus qu'en 2008. Sur douze mois, l'ensemble des établissements du pays a signé pour 9.600 milliards de yuans de nouveaux crédits aux entreprises d'Etat et aux véhicules financiers des collectivités locales, qui ont, avec ces capitaux, alimenté un vaste programme d'investissements mais également dopé des placements plus hasardeux en Bourse et dans l'immobilier.
Plus « raisonnable » en 2010
Si cette manne a permis à la nation de générer une poussée de 8,7 % de son PIB, elle a légèrement déstabilisé la confiance des grands groupes bancaires, qui s'interrogent désormais sur la viabilité de beaucoup de leurs clients. Hier, ICBC a indiqué que plus de 60 % de ses nouveaux prêts avaient servi à financer des investissements liés à l'eau, l'environnement, les transports ou des travaux de service public. Parfois difficilement rentabilisés, ces projets pourraient entraîner dans les prochaines années une poussée du taux de créances douteuses de la banque, qui annonçait, fin 2009, un taux de « prêts pourris » limité à seulement 1,54 %. Fin 2008, ce taux, dont le mode de calcul opaque déconcerte les experts étrangers, était officiellement mesuré à 2,29 %.
Soucieuse de contenir les risques, la banque d'Etat a assuré, hier, qu'elle allait se montrer plus « raisonnable » en 2010 et contenir ses prêts, comme le lui a demandé Pékin. « Nous allons accorder plus d'importance au développement durable en changeant notre mode de développement », a pointé, dans un communiqué, le groupe, qui veut travailler au rééquilibrage de ses comptes et redresser son ratio de fonds propres, tombé à 12,36 % fin 2009. ICBC a ainsi confirmé, hier, qu'elle prévoyait d'émettre prochainement 25 milliards de yuans (2,75 milliards d'euros) d'obligations convertibles et qu'elle allait demander à ses actionnaires de valider la vente d'actions sur les places de Shanghai et Hong Kong.
Souffrant toutes des mêmes maux liés à l'envolée des crédits, les grandes banques d'Etat chinoises promettent, comme ICBC, de se montrer plus prudentes. Malgré une hausse de 26 % de son bénéfice net en 2009, à 81,07 milliards de yuans (8,9 milliards d'euros), Bank of China, la troisième banque du pays, s'était engagée, dès mardi, à mieux tenir la croissance de ses prêts et avait, elle aussi, confirmé la prochaine levée de 40 milliards de yuans. Ce soir, c'est China Construction Bank (CCB), la deuxième plus grande banque chinoise, qui devrait s'engager à prêter avec plus modération.
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