La fonte des glaces dope l'intérêt de Pékin pour le passage du Nord-Ouest.
La bataille pour l'Arctique compte un acteur de plus. On connaissait déjà les ambitions canadiennes, russes, américaines ou danoises dans la région, mais voilà que la Chine entend entrer dans le nouveau Grand Jeu des blanches étendues de l'extrême Nord. Selon une étude de l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri), l'intérêt de Pékin aurait grandi au même rythme que la fonte des glaces en Arctique. Pour l'auteur du rapport, Linda Jakobson, une chercheuse basée à Pékin, « la Chine suit de plus en plus près les conséquences de la fonte des glaces dans l'océan Arctique » et « augmente ses crédits pour la recherche dans la région ». Pékin aurait ainsi décidé de se doter d'un nouveau brise-glace sophistiqué pour les expéditions polaires, qui devrait être opérationnel en 2013. L'objectif affiché est scientifique et environnemental. Mais, selon Linda Jakobson, les Chinois ont « commencé à évaluer les implications commerciales, politiques et de défense » d'un Arctique libéré des glaces en été.
Le mythique passage du Nord-Ouest, sur lequel tant d'explorateurs brisèrent leurs rêves et leurs navires, est en passe de devenir une réalité, au moins saisonnière. Ces trois dernières années, et surtout en 2007, la calotte glaciaire a atteint ses superficies les plus basses jamais observées. L'été, le passage est presque ouvert. Selon diverses études, il pourrait être totalement libre de glaces d'ici à 2050-2060. Même si elles sont sujettes à polémique scientifique, ces perspectives excitent nombre de convoitises. Et l'on connaît l'obsession chinoise pour ses routes d'approvisionnement et sa dépendance envers les voies maritimes. Or le passage du Nord-Ouest permet de raccourcir considérablement la voie traditionnelle entre l'Europe et l'Asie, qui passe par le canal de Suez et l'océan Indien. La liaison Shanghaï-Hambourg serait ainsi écourtée de plus de 6 000 km.
Souveraineté
Depuis dix ans, le Canada s'est fortement impliqué dans une région qu'il considère comme largement sienne. Les délimitations territoriales sont notamment l'objet de controverses avec les États-Unis et le Danemark. Et les Russes sont de plus en plus actifs dans ces eaux glacées, le géant de l'énergie Gazprom n'ayant pas caché son intérêt pour les richesses en pétrole et en gaz du Grand Nord. À Pékin, de nombreuses voix estiment que la Chine, même si elle n'est pas un pays arctique, est trop timide dans la région. Mais les Chinois ne souhaitent pas écorner les sacro-saints principes de souveraineté des États, ni inquiéter par un activisme trop visible. Pourtant, selon le Sipri, ils ont la ferme intention de jouer un rôle actif dans la mise en place d'un cadre politique et légal pour l'Arctique.
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