lundi 8 mars 2010

La Chine envisage une reprise de l'appréciation du yuan- Yann Rousseau et Daniel Bastien

Les Echos, no. 20630
International, lundi, 8 mars 2010, p. 6

Pour la première fois depuis fin 2008, Pékin évoque un prochain abandon des mesures exceptionnelles de soutien à l'activité. Un virage semble s'amorcer dans la stratégie économique chinoise.

Devant les membres du Parlement réunis depuis vendredi à Pékin, le gouvernement chinois s'est refusé à annoncer un retrait formel de ses politiques de relance, qui ont permis de surmonter la crise financière mondiale. Mais, par petites touches, plusieurs cadres du régime ont laissé entendre que Pékin réfléchissait bien à un changement de stratégie économique pour éviter tout risque de surchauffe.

Officiellement, a prévenu le Premier ministre Wen Jiabao, dans son grand discours annuel devant le Parlement, le pays va maintenir en 2010 sa politique fiscale active, ses mesures de soutien à l'activité dans plusieurs secteurs, et gardera une « monnaie fondamentalement stable, à un niveau raisonnable et équilibré » pour faire face aux « incertitudes » qui pèsent toujours sur l'économie mondiale et la croissance chinoise.

Malgré ces prises de position très politiques, un changement de stratégie économique est pourtant bien en train de se dessiner. Le ministre des Finances a ainsi annoncé que la hausse du budget global de l'Etat chinois serait limitée à 11 % en 2010 contre 21 % l'an dernier.

Tenir la croissance à 8 %

« A tous les niveaux, l'investissement public doit être concentré sur les secteurs les plus importants et tout lancement de nouveau projet doit être strictement contrôlé », a martelé Wen Jiabao, qui affirme vouloir tenir la croissance domestique à 8 % sur l'année. Plus précis encore, le gouverneur de la banque centrale a admis que les mesures exceptionnelles mises en place pour faire face à la crise devraient être abandonnées « tôt ou tard ». « Et cela inclut la politique de taux de change du yuan », a-t-il soufflé, dans une remarque, laissant entrevoir pour la première fois l'éventualité d'une reprise prochaine du mouvement d'appréciation de la devise chinoise, dont la valeur est accrochée à celle du dollar depuis plus de vingt mois.

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