mardi 9 mars 2010

La Chine n'est pas près de modifier sa politique de change - Wei Gu

Le Monde - Economie, mercredi, 10 mars 2010, p. 14

Le point de vue des chroniqueurs de l'agence économique Reuters Breakingviews.

Le gouverneur de la banque centrale de Chine vient d'émettre ce qui constitue jusqu'à présent l'indice le plus net que le yuan pourrait être réévalué. Messieurs les investisseurs, ne vous emballez cependant pas. A Pékin, on n'est apparemment pas encore mûr pour agir.

Suite aux propos tenus par M. Zhou Xiaochuan, le yuan a bondi lundi 8 mars. Cela faisait cinq semaines qu'il n'avait pas été aussi fort face au dollar sur les marchés de " futures ". Le premier ministre, Wen Jiabao, avait pourtant déclaré la veille que la devise chinoise resterait stable en 2010.

La Chine est naturellement soucieuse de décourager les anticipations d'une réévaluation du yuan, craignant qu'elles n'attirent les spéculateurs. La parole du premier ministre est certainement ce à quoi les investisseurs doivent attacher le plus d'importance. Le rapport annuel du gouvernement, de fait une véritable feuille de route, affirme que cette année, la priorité sera donnée aux exportations. Auparavant, il était davantage question de corriger le déséquilibre des échanges commerciaux. Un des objectifs affichés en 2008, à savoir l'assouplissement du régime du taux de change, a disparu du rapport 2009.

La Banque populaire de Chine souhaite que le yuan soit plus flexible à long terme, mais en matière de politique de change, c'est Pékin qui a le dernier mot. Tout se décide au niveau du Conseil des affaires de l'Etat, qui doit tenir compte des besoins d'autres instances gouvernementales comme le ministère du commerce, davantage préoccupé par la santé des exportations. Le ministre du commerce ne s'est d'ailleurs pas privé de riposter sèchement à l'intervention du gouverneur de la banque centrale en déclarant que toute réforme du régime de change ne saurait s'opérer autrement que de manière progressive et maîtrisée.

Signaux discordants

Comment interpréter tous ces signaux discordants ? En fait, il est probable que Pékin n'est pas encore arrivé à dégager un consensus sur la marche à suivre. La réévaluation n'est pas pour demain.

Le gouverneur lui-même est resté très vague quant à un possible calendrier. Il a souligné que le choix de caler le yuan sur le dollar tout au long de 2009 avait été une façon pour la Chine de faire face à la récession économique, sans toutefois définir ce qui pourrait constituer la sortie de crise. Le premier ministre, Wen Jiabao, a annoncé que 2010 serait une année " compliquée " à gérer. On imagine assez mal le pouvoir central s'empresser de toucher à la politique de change avant que la situation ne se soit quelque peu éclaircie.

Sur Breakingviews.com

Wei Gu

(Traduit par Christine Lahuec)

Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière.

PHOTO - China's central bank governor Zhou Xiaochuan (R) speaks at a news conference during China's annual session of parliament, in Beijing March 6, 2010. The People's Bank of China will actively adapt its policies to changing circumstances to strike the right balance between promoting growth and containing inflation, Zhou said on Saturday.

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