Langues orientales. Pourquoi de plus en plus d'élèves apprennent le mandarin.
Pfff, je n'y comprends rien, c'est du chinois pour moi ! Expression française courante, qui exprime une idée commune: apprendre le chinois, ce n'est pas gagné ! Sonorités étranges, caractères certes très beaux, mais sans aucun point commun avec notre alphabet... On hésite à s'y attaquer. Et pourtant... voilà qu'il n'y a jamais eu autant d'élèves étudiant cette langue en France.
En 2009, ils étaient 25 687 à entamer son apprentissage, au lieu de 9 328 en 2004. En proportion, ce n'est rien par rapport à l'anglais ou l'espagnol. Mais cela en fait tout de même la cinquième langue étrangère enseignée en France, devant le russe et l'arabe. De 208 collèges et lycées proposant cette discipline en 2005, la France est passée à 485. Et les enseignants de 135 en 2004 à 388.
Les élèves de langue maternelle française composent à 90 % ces effectifs. Et ce boum du chinois ne se limite pas à la France. Aux États-Unis, par exemple, c'est la seule langue dont l'enseignement n'ait pas décliné, ayant au contraire progressé dans les écoles et les universités. Le mandarin y lutte avec l'espagnol pour la première place des langues étudiées.
Les sources de cet essor ? Pour Joël Bel Lassen, premier inspecteur général de chinois de l'Éducation nationale, cité par le Figaro, il ne s'agit pas d'un simple effet de mode : « Cette langue a désormais un statut international. »
Et pour cause : le mandarin, langue officielle chinoise, est la première langue parlée dans le monde avec 20,4 % de la population, devançant l'anglais; 60 millions de Chinois issus de la diaspora la répandent aux quatre coins de la planète.
«Le dossier d'un élève ayant appris le chinois devient prioritaire»
Ces chiffres prennent tout leur poids avec la mondialisation économique, les échanges toujours plus rapides et nombreux et le développement des nouvelles technologies de communication. La Chine est aujourd'hui la troisième puissance économique mondiale et la première destination des expatriés européens. Entreprises et sociétés étrangères implantées en Chine exigent désormais de leurs employés la maîtrise du mandarin, en plus de l'anglais qui suffisait auparavant.
Sa forte pénétration sur Internet joue également : les 50 000 internautes chinois de 1995 sont devenus 384 millions fin 2009, pour un total de 1,7 milliard d'internautes dans le monde. Le mandarin rivalise à présent avec l'anglais sur la Toile.
Dans ces conditions, connaître le chinois représente un atout de taille dans la vie professionnelle. « Que vous travailliez ou étudiiez dans le domaine du commerce, de la médecine, de l'informatique ou des mathématiques, vous allez rencontrer ce pays lors de votre parcours professionnel », observe Joël Bel Lassen. Beaucoup d'étudiants en ont pris note, et s'affairent à valoriser leur CV. Sylvaine Gautier-Le Bronze, professeur de chinois au lycée Émile-Zola à Rennes, répondant au Figaro, indique qu'il y a dix ans, cette langue « était choisie pour son côté exotique ». Certains voient encore cette option comme « une façon de se distinguer ». D'autres s'inscrivent « après avoir vu un film de kung-fu ou parce qu'ils sont intrigués par l'écriture », note Sandra Lipster, professeur de chinois au lycée Gymnase Jean-Sturm à Strasbourg.
Mais désormais, « c'est l'aspect pratique qui prédomine », affirme Sylvaine Gautier-Le Bronze. Aux entretiens d'entrée des écoles supérieures de commerce ou d'ingénieurs, la stratégie paie : « À niveau égal, poursuit-elle, le dossier d'un élève ayant appris le chinois devient prioritaire. »
La Chine fait ce qu'il faut pour encourager la tendance. En élaborant par exemple un test international de mandarin, le HSK. Seule mesure objective du niveau de chinois, il est de plus en plus reconnu. Le nombre de candidats au test dans le monde entier croît sans cesse. À l'instar du TOEFL, test international d'anglais, le HSK a pour but de devenir la norme de référence internationale pour l'évaluation du niveau de chinois.
Les étudiants n'ont plus qu'à s'accrocher.
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