Bonne nouvelle, le rythme de la déforestation ralentit dans le monde. Mauvaise nouvelle, cette rupture par rapport au mouvement observé depuis plusieurs décennies s'explique pour l'essentiel par les plantations d'arbres à grande échelle auxquelles se livrent la Chine et l'Inde. Plantations dont la valeur écologique est loin de compenser celle des grandes forêts tropicales qui elles continuent de disparaître " à un rythme alarmant " dans certains pays, selon l'étude sur l'" Evaluation des ressources forestières mondiales " présentée, jeudi 25 mars, par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Au cours des années 2000, 13 millions d'hectares de forêts - soit la superficie de la Grèce - ont disparu en moyenne chaque année. Mais les nouvelles plantations et, dans certaines régions comme l'Europe, l'extension naturelle des forêts ont permis de ramener la perte nette d'espaces forestiers de 8,3 millions d'hectares par an au cours de la période 1990-2000 à 5,2 millions d'hectares par an au cours de la décennie suivante. Pour l'essentiel, la quête de nouvelles terres agricoles pour nourrir la population locale et l'extension des grandes exploitations à vocation exportatrice est à l'origine du recul des forêts. Le développement des biocarburants exerce une nouvelle pression.
Les forêts couvrent 31 % de la superficie totale des terres dans le monde, et cinq pays - Brésil, Canada, Chine, Etats-Unis, Russie - en possèdent plus de la moitié selon l'étude de la FAO qui constitue, à ce jour, l'évaluation la plus exhaustive. Sans être toutefois en mesure, compte tenu du manque de données dans de nombreux pays, de cerner avec précision l'ampleur de la déforestation. Les pays où la forêt disparaît le plus vite sont le Brésil, l'Indonésie mais aussi l'Australie en raison de la sécheresse et des incendies qui ont ravagé le pays au cours des dernières années. La FAO salue toutefois les efforts du Brésil qui s'est fixé pour objectif de réduire la déforestation de 80 % d'ici à 2020.
L'institution onusienne parie sur l'adoption du mécanisme dit de " déforestation évitée " dans le cadre des négociations climatiques internationales pour freiner le recul de la forêt. Ce mécanisme prévoit de récompenser financièrement les pays qui protégeront leurs forêts ou en accroîtront la superficie. La déforestation est à l'origine d'environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre, autant que tous les transports réunis.
Laurence Caramel
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