mercredi 10 mars 2010

Pékin assure sa confiance dans les bons du Trésor US - Arnaud de la Grange

Le Figaro, no. 20405 - Le Figaro Économie, mercredi, 10 mars 2010, p. 20

Les Chinois augmentent de 66 % les ressources du fonds souverain CIC, pour diversifier leurs réserves de change.

Déjà détenteur d'une solide cassette de 300 milliards de dollars, le fonds souverain chinois CIC (China Investment Corp.) pourrait se voir renforcé d'une jolie somme. Selon la presse officielle chinoise, il pourrait recevoir jusqu'à 200 milliards de dollars supplémentaires. « Nous étudions toujours un investissement futur dans CIC, mais aucune décision n'a été prise », a affirmé hier Yi Gang, le patron de la puissante SAFE, l'administration en charge des changes, en marge de la session annuelle du Parlement chinois.

Sur ces 300 milliards gérés par le fonds, 110 milliards seraient des investissements à l'étranger. Le CIC a été créé fin 2007 pour trouver des alternatives plus lucratives aux investissements traditionnels, notamment les bons du Trésor américain, aux rendements sûrs mais peu élevés. Il est notamment à l'affût d'occasions d'investissements dans les mines et l'énergie. Il serait ainsi en discussion avec le groupe énergétique italien Enel pour une acquisition dans l'une de ses filiales.

Habituellement peu disert sur son portefeuille, le CIC a révélé le mois dernier détenir pour un total de 9,6 milliards de dollars en actions d'une douzaine d'entreprises américaines.

Retour attendu de 10 %

Il détient des parts de sociétés américaines de premier plan comme Citigroup, Morgan Stanley ou Coca-Cola. Le journal financier Shanghai Securities News a indiqué, en janvier, que le fonds pourrait bénéficier, en 2009, d'un retour sur investissement de plus de 10 %, contre 6,8 % en 2008, quand le CIC avait connu ses premiers déboires en investissant dans Blackstone ou Morgan Stanley.

Les 200 nouveaux milliards de dollars affectés au CIC seraient prélevés sur les gigantesques réserves de changes du pays, qui s'élevaient fin 2009 à quelque 2 400 milliards de dollars. Malgré une certaine diversification, ces réserves sont pour les deux tiers investies en dollars, notamment en titres de dette américaine. Alors que Washington s'inquiète d'un éventuel désintérêt chinois pour les bons du Trésor, Yi Gang a assuré hier que le marché de la dette américaine restait très « important » pour la Chine et qu'il ne fallait pas « politiser » ce sujet. Il a aussi affirmé qu'il était « impossible que l'or devienne un débouché important pour les réserves de change » chinoises.

Fin février, la presse américaine s'était alarmée de la réduction des investissements chinois dans la dette américaine, la rumeur courant que le Japon était repassé devant la Chine comme premier détenteur de bons du Trésor. De nouveaux chiffres ont montré qu'avec 894,8 milliards de dollars en bons du Trésor, Pékin restait bien le premier créancier de l'Amérique.

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Les Echos, no. 20632 - Marchés, mercredi, 10 mars 2010, p. 33

Pékin continue d'investir dans la dette américaine - YANN ROUSSEAU

Yi Gang, le puissant responsable de l'Administration publique des changes (Safe), a refroidi, hier, les rumeurs de marché qui évoquaient une réduction de ses portefeuilles de bons du Trésor américain.

En quelques minutes de conférence de presse, Yi Gang, le puissant responsable de l'Administration publique des changes (Safe) gérant l'essentiel des 2.400 milliards de dollars de réserves de devises du pays, a refroidi les rumeurs de marchés qui, depuis quelques semaines, évoquaient un bouleversement de la stratégie de placement de Pékin. Affirmant que la Chine était dépitée par la politique d'endettement de l'administration Obama et agacée par plusieurs de ses positionnements diplomatiques, des analystes avaient affirmé, le mois dernier, que le pays allait, en représailles, réduire ses achats de bons du Trésor américain pour se tourner vers d'autres investissements, tels que l'or.

Ne pas politiser les enjeux

« La Chine est un investisseur responsable », a sèchement rétorqué, hier, Yi Gang, affirmant que son pays ne pratiquait pas la spéculation à court terme sur les devises. « Le marché du Trésor des Etats-Unis est le premier marché mondial des obligations d'Etat. Aussi, comme vous pouvez l'imaginer, il est important pour nous », a insisté le responsable avant d'appeler les acteurs du marché à ne pas « politiser » ces enjeux.

Refusant de dévoiler la répartition exacte des placements de l'Etat chinois - les économistes estiment que les deux tiers des réserves de change du pays sont investis en dollars -Yi Gang a indiqué que Pékin continuait d'acheter ou de vendre « presque tous les jours » des bons du Trésor américain. Beaucoup d'économistes rappellent que Pékin est condamné à poursuivre ces investissements en dollars pour accompagner la poussée de ses réserves de change régulièrement alimentées par les surplus commerciaux. Pour maintenir la stabilité de sa monnaie, la Banque centrale est, en effet, contrainte de racheter sur le marché les devises étrangères entrant dans le pays au fil des transactions.

Avec autant de franchise, le patron de la Safe a également douché les spéculateurs pariant sur une augmentation des placements en or de la Chine.

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