LEMONDE.FR | 22.03.10 | 20h26 • Mis à jour le 22.03.10 | 20h49
Depuis lundi soir, les internautes tentant de se connecter à Google.cn, la version chinoise du moteur de recherche, sont redirigés vers la version hongkongaise du site, google.com.hk. Depuis le début de l'année, Google menace de quitter la Chine, si Pékin continue à l'obliger à censurer les résultats de son moteur de recherche.
Si, pour l'utilisateur, cette redirection est – pour l'instant – transparente, elle a un impact symbolique fort. Depuis plusieurs semaines, Pékin et Google se renvoient la balle dans des négociations restées secrètes, mais qui semblaient dans l'impasse. Google affirme ne pouvoir continuer à opérer son service en Chine sous la contrainte de la censure, qui l'oblige notamment à filtrer les contenus pornographiques et politiques. De son côté, Pékin répète inlassablement que comme toutes les entreprises étrangères, Google doit se plier à la loi chinoise, qui prévoit la censure de ces contenus.
La version hongkongaise du moteur de recherche, vers laquelle le trafic de Google.cn est redirigé, n'est pas censurée. Les internautes chinois peuvent y trouver, par exemple, des photos de l'homme au char de la place Tiananmen. Rien n'empêche en revanche Pékin de bloquer le trafic en direction de la version hongkongaise du moteur de recherche, tout comme il bloque de nombreux sites étrangers comme Facebook. Google a d'ailleurs mis en place un outil de veille en temps réel qui permet de savoir quels services sont accessibles depuis la Chine.
"UNE SOLUTION RAISONNABLE ET ENTIÈREMENT LÉGALE"
La décision de Google met donc la balle dans le camp des autorités chinoises. "Il nous a été difficile de trouver comment tenir notre promesse de cesser de censurer nos résultats", explique David Drummond, le responsable juridique du groupe. "Le gouvernement chinois a été très clair : l'autocensure n'est pas négociable. (...) La redirection du trafic est une solution raisonnable et entièrement légale (...). Nous espérons que le gouvernement chinois respectera notre décision, même si nous savons qu'ils peuvent à tout moment bloquer l'accès à nos services".
Après avoir longuement menacé de quitter le pays s'il n'obtenait pas satisfaction, Google a donc opté pour une solution en demi-teinte. La firme a annoncé qu'elle conserverait pour l'instant ses bureaux à Pékin. Cette solution pourrait permettre aux deux parties de garder la face : Pékin n'a pas cédé sur le respect de la loi chinoise, et a évité d'envoyer un signal négatif aux investisseurs étrangers. Google, de son côté, peut continuer à faire des affaires dans le pays et y maintenir ses centres de recherche, tout en ayant tenu bon sur les principes.
Le bras de fer entre Pékin et Google a commencé en début d'année, après que le moteur de recherche avait annoncé avoir été victime d'un piratage informatique de grande ampleur, commis depuis la Chine selon Google. Pékin avait alors démenti avoir un lien quelconque avec ce piratage, qui visait notamment les boîtes e-mail de militants des droits de l'homme et de journalistes.
Google est minoritaire sur le marché des moteurs de recherche en Chine, dominé par le groupe Baidu. Mais il s'agit d'un marché à fort enjeu, avec la plus importantes population d'internautes au monde.
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