mardi 13 avril 2010

La réussite chinoise de Jacques de Chateauvieux - Bertille Bayart

Le Figaro, no. 20433 - Le Figaro Économie, lundi, 12 avril 2010, p. 27

Le patron et actionnaire du groupe Bourbon compte introduire ses chantiers navals à la Bourse de Shanghaï.

Atypique dans le capitalisme français, Jacques de Chateauvieux s'apprête à réaliser une opération inédite pour un entrepreneur de l'Hexagone : introduire en Bourse une entreprise chinoise, sur le marché de Shanghaï. Il compte en l'occurrence coter les chantiers navals Sinopacific Shipbuilding, un petit empire qui réalise 1,8 milliard de dollars de chiffre d'affaires et dont Jaccar, le holding personnel de Jacques de Chateauvieux, détient 23,5 % du capital.

La mise en Bourse de la société est dans les tuyaux depuis 2007, mais elle s'est heurtée au coup d'arrêt des introductions imposé par les autorités chinoises dans la foulée de la crise financière mondiale. Aujourd'hui, les marchés sont rouverts. Et, selon nos informations, Sinopacific vient de déposer son dossier réactualisé à la lumière de ses comptes 2009, sur le bureau du gendarme de la Bourse de Shanghaï. Objectif : être coté dès cette année 2010.

Concrètement, l'opération, conseillée par la banque chinoise Citic, consistera en une augmentation de capital de l'ordre de 15 % à 18 % du capital. Elle ferait ressortir une valorisation de l'ordre de 1,5 milliard de dollars. Pas mal, pour une société née en 2003 seulement de l'association de Jacques de Chateauvieux et de Simon Liang, un Chinois francophone marié à une Française, qui a fait ses études en France et aux États-Unis. Les deux hommes se sont rencontrés quand le premier a proposé de vendre dans les rayons des supermarchés vietnamiens du second - une activité vendue depuis - des... sapins en plastique.

53 bateaux en un an

En 2003, les deux entrepreneurs se lancent dans l'aventure navale en rachetant un chantier privatisé dans la province de Zhejiang, puis en reprenant aux enchères une autre installation, en faillite, dans le Jiangsu. L'addition des deux chantiers compte à l'époque 1 500 salariés et livre... 3 bateaux par an. Huit ans plus tard, Sinopacific pointe à la cinquième place de la construction navale chinoise privée et livre deux types de produits : de gros navires de commerce, de transport de vrac notamment, et de plus petits bateaux spécialisés dans l'offshore (gaz, bitume,...). 53 bâtiments sont sortis de ses ateliers l'an dernier.

La croissance fulgurante de Sinopia tient à plusieurs facteurs. Elle est évidemment corrélée à celle de la Chine. Les actionnaires de Sinopia ont aussi significativement étendu ses capacités.

Enfin, les chantiers chinois ont trouvé un client assidu auprès de l'autre grand actif de Jacques de Chateauvieux, le groupe Bourbon, dont Jaccar détient le quart du capital. Le grand spécialiste mondial des services maritimes, en particulier aux groupes pétroliers, est à la tête d'une flotte de 369 navires. L'an dernier, il représentait le quart du carnet d'ordres de Sinopia.

Illustration(s) :

Jacques de Chateauvieux, PDG du groupe Bourbon, le spécialiste mondial des navires de service maritime.

hamilton/rea

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