Le PIB chinois a progressé de 11,9 % au premier trimestre. Le gouvernement, qui a pour l'instant refusé de décréter la fin de son plan de relance, s'inquiète de la spectaculaire poussée des prix dans l'immobilier.
Aux feux rouges des grandes avenues poussiéreuses de Taiyuan, de jeunes migrants tout juste débarqués de leurs campagnes distribuent aux automobilistes des prospectus annonçant la vente prochaine d'appartements dans la nouvelle résidence Roman Garden. Les investisseurs les plus motivés pourront bénéficier d'un prix du mètre carré à 6.000 yuans (647 euros) s'ils signent leur contrat d'achat avant la fin du chantier. Les retardataires payeront beaucoup plus cher, prévient le papier glacé qui présente des immeubles luxueux, décorés de sculptures antiques, au coeur d'un parc probablement imaginaire. Plus loin, sur la route du tout nouvel aéroport « international », c'est les projets Long Island International et Millenium Academy Court qui sont en train d'être achevés et qui ont été écoulés au prix de 10.000 yuans le mètre carré. « La ville est en plein boom. Les prix moyens ont presque triplé depuis 2002. Et ça continue à ce rythme grâce aux mesures de soutien du gouvernement », résume Lian Zhiqiang, un analyste de l'agence immobilière 5i5j.
Dilemme pour le gouvernement
Partout dans le pays, la même folie immobilière, alimentée par la générosité des banques d'Etat, dope la croissance domestique. Porté par le bâtiment, les investissements dans les infrastructures et la reprise des exportations, le produit intérieur brut chinois a connu au premier trimestre une forte accélération pour atteindre, en glissement annuel, une poussée de 11,9 %.
Les experts du Bureau national des statistiques (BNS) rappellent que cette spectaculaire augmentation s'explique en partie par la faible performance enregistrée par l'économie chinoise au premier trimestre de 2009, mais ils admettent que le dynamisme de la reprise risque rapidement d'exposer le pays à une nouvelle crise de surchauffe. « La situation économique est encore très complexe », a soufflé, hier, Li Xiaochao, le porte-parole du BNS. « Plusieurs facteurs poussant les prix à la hausse renforcent les perspectives d'inflation. Le problème de la hausse des prix de l'immobilier dans certaines villes est particulièrement aigu », a reconnu dans un communiqué, mercredi soir, le gouvernement, qui venait d'annoncer qu'il avait enregistré une hausse moyenne des prix de l'immobilier de 11,7 % en mars dernier dans 70 villes du pays.
Si l'inflation globale reste encore modérée (2,4 % en rythme annuel en mars), Pékin se demande comment enrayer cette flambée qui agace les classes moyennes, incapables d'accéder à la propriété. « Le gouvernement fait face à un dilemme. Soit il relève les taux et étouffe l'ardeur des investisseurs dans le secteur de l'immobilier ; soit il les maintient et laisse la bulle immobilière se développer et le risque d'inflation se concrétiser », détaille Tom Orlik, un analyste de Stone & McCarthy. Officiellement, Pékin n'envisage toutefois pas de hausse rapide des taux d'intérêt et dit vouloir se concentrer sur le seul encadrement du secteur de l'immobilier. Les banques ont ainsi reçu l'ordre de prévenir les opérations purement spéculatives et de limiter leurs prêts aux développeurs trop gourmands.
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