Au sommet sur la sécurité nucléaire qui se tient aux États-Unis, la vedette incontestée est le président chinois, Hu Jintao. Parce que sa présence n'était pas certaine il y a deux semaines, parce que Taïwan, le dalaï-lama, l'affaire Google et la sous-évaluation du yuan ont presque fait dérailler la relation qui compte le plus au monde, le tête-à-tête d'hier soir entre Hu Jintao et Barack Obama est un événement majeur.
Le sommet lui-même vise à fixer les règles qui permettront de garantir qu'aucun matériel nucléaire ne puisse tomber entre les mains de terroristes d'ici à 2014. C'est une discussion technique qui aurait pu être menée au niveau des experts.
Qu'autant de chefs d'État et de gouvernement se soient déplacés est un signe que Barack Obama a retrouvé toute son aura internationale, un moment remise en question par ses difficultés au Congrès pour faire passer sa réforme du système de santé.
En termes de sécurité nucléaire, la question la plus urgente est celle du programme nucléaire iranien. Le débat sur des sanctions contre Téhéran au Conseil de sécurité de l'ONU est donc l'un des sujets majeurs traités en marge du sommet de Washington.
La Chine est traditionnellement opposée aux sanctions. Elle a fait un pas en acceptant d'en discuter. Sans trop de risques : les mesures qui pourraient être décidées n'iront pas très loin. L'essentiel est d'isoler le régime d'Ahmadinejad et, pour cela, la contribution chinoise est essentielle.
Après l'échec de la conférence sur le climat de Copenhague, Pékin s'est rendu compte qu'il lui fallait soigner son image internationale. Sans renoncer à ses intérêts, mais en tenant compte de l'inquiétude que soulève dans le monde la montée en puissance de la Chine. La crise financière a accéléré cette émergence. Elle a aussi renforcé l'interdépendance entre les deux pôles de la nouvelle gouvernance mondiale que sont Washington et Pékin.
À Washington, Hu Jintao ne fera pas de concession majeure : il doit garantir la poursuite de la croissance chinoise sans laquelle le pays risque l'explosion sociale. Barack Obama, de son côté, doit s'assurer que Pékin continue à financer les déficits de plus en plus lourds de l'Amérique.
Cesser de le faire serait pour l'économie mondiale une vraie « bombe atomique » qu'Obama et Hu Jintao ont tout intérêt à désamorcer en marge du sommet sur la sécurité nucléaire.
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