La Chine a refusé, lundi 12 avril, de libérer pour raisons médicales le dissident Hu Jia, qui purge une peine de trois ans et demi de prison à Pékin pour " subversion ". Selon Zeng Jinyan, l'épouse de ce pourfendeur des abus du système - il a notamment défendu les malades du sida -, il pourrait avoir un cancer du foie.
Souffrant depuis des années d'une hépatite B, Hu Jia, 36 ans, vient de séjourner à l'hôpital de la prison où un début de cirrhose a été diagnostiqué qui peut évoluer en cancer. Zeng Jinyan a dit à l'Agence France-Presse que la demande de mise en liberté avait été refusée parce que, selon les autorités, la cirrhose n'était pas un motif suffisant. Les médecins ont refusé de transmettre à la famille le dossier médical. Son avocat, Li Fangping, a confirmé qu'il n'y avait aucun espoir qu'il soit relâché avant la fin de sa peine.
Père d'une fille de 2 ans née lorsqu'il était déjà incarcéré, Hu Jia a été arrêté en 2007 après avoir dénoncé les violations des droits de l'homme dans son pays au cours d'une vidéo-conférence avec le Parlement européen.
Accusé d'" incitation à la subversion " le mois suivant, il avait été condamné en avril 2008. Sa peine se termine fin 2011. Les autorités ont signifié à son épouse que même s'il était atteint d'un cancer, l'hôpital de la prison serait en mesure de le soigner.
Museler les voix discordantes
Sa condamnation avait été interprétée par les observateurs comme s'inscrivant dans l'obsession du gouvernement chinois de museler toute voix discordante avant les Jeux olympiques de Pékin, en 2008. Considéré comme un candidat potentiel au prix Nobel de la paix, Hu Jia s'était vu attribuer un mois après la fin des olympiades le prix Sakharov pour la liberté de penser du Parlement européen.
L'organisation des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a demandé, le 8 avril, aux autorités chinoises de remettre en liberté Hu Jia, qui " souffre d'une maladie chronique sérieuse ". Le communiqué de HRW rappelle que " selon les lois internationales, les Etats ont l'obligation de donner aux prisonniers un traitement médical équivalent à celui qui est disponible pour la population ".
Pékin a ratifié la convention sur les droits culturels, politiques et sociaux en 1997 et a signé, sans la ratifier, une autre convention sur les droits politiques et civils. Toutes deux mentionnent l'obligation de garantir l'accès aux soins pour les personnes incarcérées.
Sophie Richardson, responsable pour l'Asie de HRW, a accusé les autorités d'" empêcher qu'un prisonnier très malade reçoive l'attention médicale appropriée ".
Bruno Philip
© 2010 SA Le Monde. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire