mardi 4 mai 2010

De Shanghaï aux îles Caïmans - Claire Gatinois

Le Monde - Page Trois, lundi, 3 mai 2010, p. 3

En Chine, David Huang, la quarantaine élégante, est un business-man un peu à part. Ce Shanghaïen, diplômé d'universités nord-américaines, gère un hedge fund. Un fonds spéculatif chinois comme il en existe déjà quatre ou cinq à Shanghaï. « Nous n'avons pas grand-chose à voir avec les fonds de Wall Street, comme Paulson ou Citadel, qui brassent des dizaines de milliards de dollars. Ici, le plus gros des hedge funds ne pèse pas plus de 1 ou 2 milliards », relativise M. Huang.

Le « petit fonds » de M. Huang s'appelle Pamir Partners. Une société qu'il a fondée avec quelques associés chinois, en 2006. Sans vouloir copier les « bad boys » de Wall Street, son modèle est plutôt le fonds d'investissement de Warren Buffett. « Comme lui, nous cherchons les entreprises sous-évaluées susceptibles de prendre de la valeur. »

Marché en développement

Le financier a débuté sa carrière à Hongkong, marché ouvert et sophistiqué, où il travaillait pour « la firme » américaine, Goldman Sachs. Mais en 2004, « j'ai décidé de revenir à Shanghaï, ma ville natale ». C'est aussi à cette époque que le marché local a commencé à se développer. Aujourd'hui, travailler dans la finance fascine de plus en plus d'étudiants en République populaire. Les rémunérations dépassent largement celles des autres secteurs, sans que cela suscite, pour l'heure, de polémiques.

A la China International Capital Corporation (CICC), la plus prestigieuse banque chinoise, un diplômé de MBA (Master of Business Administration) touche une rémunération de l'ordre de 80 000 à 100 000 dollars par an contre 40 000 ou 50 000 dollars dans l'industrie. Et pour les gérants de fonds spéculatifs les plus talentueux, les rémunérations peuvent être encore bien supérieures.

Bien sûr, Shanghaï reste loin de Wall Street. Les restrictions imposées par le gouvernement sont nombreuses, les investissements dans les entreprises chinoises sont limités, les produits exotiques n'existent quasiment pas, et le marché est volatil, mais M. Huang s'en accommode. La preuve : pour échapper à la plupart des contraintes, son fonds est domicilié dans un centre off shore, aux îles Caïmans, et ne s'adresse qu'à des clients étrangers.

Le financier en est persuadé : d'ici vingt ans, Shanghaï sera une place financière incontournable. « Quand le gouvernement assouplira les règles, Shanghaï prendra son essor, prédit M. Huang. Et des entreprises comme Goldman Sachs s'installeront ici. » La modernisation de la place financière est en route : « La crise et les déboires de la finance ont obligé l'Etat à faire une pause, mais les changements ont commencé », observe-t-il.

PHOTO - Brokers work next to their computers at the Shanghai Stock Exchange August 18, 2009. China's stock market showed signs of stability on Tuesday morning after tumbling 5.8 percent on Monday, its biggest daily percentage drop in nine months, hit mainly by profit-taking after a 90-percent stock market rally earlier this year got far ahead of China's economic recovery.

© 2010 SA Le Monde. Tous droits réservés.

Bookmark and Share

0 commentaires: