lundi 24 mai 2010

INTERVIEW - Ann Lee : « La question du yuan est surtout un problème de timing »

Les Echos, no. 20683 - International, mardi, 25 mai 2010, p. 8

Ann Lee, professeur d'économie à New York University

Ancienne banquière, Ann Lee a aussi enseigné à l'université de Pékin ainsi qu'à Pace University à New York. Alors que les Etats-Unis et la Chine ont entamé hier leur deuxième rencontre économique depuis l'élection de Barack Obama, elle estime que la relation entre les deux pays pourrait s'améliorer.

Que peut-on attendre de cette deuxième rencontre économique entre l es Etats-Unis et la Chine ?

Il ne devrait pas y avoir d'avancées substantielles. Les problèmes sont connus et ont été discutés déjà maintes fois. La question de la réévaluation du yuan est davantage un problème de timing. Tous les regards sont tournés vers l'Europe en ce moment pour voir si la crise qui se déroule peut déstabiliser les marchés mondiaux. Les dirigeants chinois sont extrêmement prudents et je pense qu'ils attendront la fin de l'année pour réexaminer leur politique en matière de monnaie.

Barack Obama a mis beaucoup d'emphase sur la relation Chine-Etats-Unis. Comment la jugez-vous ?

Cette administration a une relation avec la Chine qui est finalement plus acrimonieuse que celle de George Bush. C'est malheureux, parce que c'est sans doute celle qui est la plus importante. Les Chinois vont peut-être saisir l'opportunité de cette rencontre pour aplanir les choses mais il est certain qu'ils aimeraient plus de déférence et de respect. Ils apprécient peu d'être diabolisés sur la question du yuan par exemple.

Les Chinois sont-ils convaincus par les efforts promis par les Etats-Unis pour réduire leur déficit ?

Les politiques américains font toutes sortes de promesses, les Chinois vont surtout regarder s'ils agissent effectivement. Le problème c'est que la Chine n'a pas beaucoup d'autre alternative aujourd'hui que d'investir dans des bons du Trésor américain. Aucun autre pays n'a de marchés aussi profonds et étendus que les Etats-Unis. Le recours à une autre monnaie de réserve serait beaucoup trop coûteux.

La Chine a enregistré une croissance supérieure à 10 % au premier trimestre, cela engendre-t-il des risques ?

On voit que l'argent passe plus vite des comptes épargne aux comptes chèques. L'argent est dépensé plus vite et cela peut créer un risque d'inflation. Mais le gouvernement chinois est très vigilant et essaie de limiter l'émergence de bulles d'actifs en réduisant l'accès aux prêts et aux achats. Quand on sait qu'on ne peut détenir plus d'une maison par famille à Pékin, cela limite la spéculation ! Ces nouvelles mesures ont d'ailleurs affecté les marchés boursiers.

PROPOS RECUEILLIS PAR VIRGINIE ROBERT (À NEW YORK)

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