Cette fois, les députés ont souhaité entendre M. Attali avant que la commission se mette à l'ouvrage et non à l'issue de ses travaux. L'audition prévue mercredi 19 mai devant la commission des finances de l'Assemblée nationale devait permettre de confronter les " ambitions " et les " résultats ". Après avoir assuré qu'il consentait " avec plaisir " à " bavarder " avec les élus, M. Attali a écarté toute autocritique sur les propositions de la commission. Le seul problème, selon lui, est qu'elles n'aient pas toutes été retenues. " Je n'ai aucun remords, c'est leur mise en oeuvre qui a manqué ", a-t-il affirmé.
Coût fiscal
Dans quelle mesure la crise économique pourrait-elle modifier son appréciation et certaines de ses propositions ? " Le rapport n'est pas en cause. Nous avions écrit que la crise, si elle s'intensifiait, devrait nous conduire à aller encore plus vite. Si cela n'a pas été fait, ce n'est pas la faute de la commission ", répond son président.
Les députés ne cachent pas leur agacement. Plusieurs d'entre eux - majorité et opposition confondues - critiquent vertement les conséquences de la loi de modernisation de l'économie, traduction législative des propositions de la commission visant à renforcer la concurrence. Ils constatent, à l'instar de René Couanau (UMP, Ille-et-Vilaine), " la dégradation qui s'en est suivie ". Michel Bouvard (UMP, Savoie), vice-président de la commission des finances, s'interroge sur le coût fiscal des mesures qu'avait envisagées la commission. L'heure n'est plus, rappelle-t-il, à la dépense fiscale.
Pour la plupart des parlementaires, la profondeur de la crise impose de revoir la perspective dans laquelle s'inscrivait la commission. Pierre-Alain Muet (PS, Rhône) juge son rapport " déconnecté des réalités ". " L'ère de la dérégulation est derrière nous. C'est un tout autre rapport qu'il nous faut écrire aujourd'hui ", estime-t-il.
" Quelles leçons en tirez-vous ? ", interroge Aurélie Filippetti (PS, Moselle). " Le problème, c'est que ce pays n'a plus confiance en lui-même ", assure M. Attali. Quant à l'idée d'introduire des règles plus contraignantes dans le jeu de l'économie financière : " Ça me fait penser à l'histoire de l'ivrogne qui cherche sa clé au pied d'un réverbère. Non pas parce qu'il l'a perdue là, mais parce que c'est là qu'il y a de la lumière ", conclut-il. Personne n'a ri.
Patrick Roger
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