Yukio Hatoyama, avant de devenir Premier ministre, avait fait du rééquilibrage de la croissance japonaise l'un de ses thèmes de campagne. Il fallait, disait le candidat du Parti démocrate, fonder davantage la croissance de l'Archipel sur la demande intérieure et ainsi moins dépendre des exportations. Une stratégie directement tirée du constat des leaders du G20, pour qui la croissance mondiale se doit d'être plus équilibrée afin d'éviter une trop forte constitution de réserves de la part de l'Asie -Japon et Chine en particulier -au détriment des Etats-Unis, principalement. C'était l'été dernier.
Moins d'un an plus tard et alors que le gouvernement est au plus bas dans les sondages, nul n'est besoin de pousser l'analyse pour constater que le message est resté lettre morte. La croissance du PIB au premier trimestre (+ 1,2 % et + 4,9 % en rythme annuel) a montré qu'elle reposait largement sur les exportations, même si ces dernières n'entrent que pour 15 % dans la formation du PIB. Le résultat d'avril du commerce extérieur, publié hier, ne fait que confirmer la tendance avec un excédent de 742,3 milliards de yens (6 milliards d'euros).
Sans grande surprise, en fait, car l'économie de l'Archipel reste dominée par deux facteurs. L'un est structurel et concerne le vieillissement de la population. Le nombre de Japonais baisse depuis plusieurs années et ce, dans un contexte de demande intérieure atone. Divers programmes d'incitation à la consommation ont été lancés, pour les voitures vertes ou les produits ménagers écologiques. Ils vont bientôt s'achever sans avoir réussi à relancer durablement la consommation.
Le yen ferme face à l'euro
L'autre élément est davantage conjoncturel et touche au dynamisme de croissance en Asie (+ 45,3 % en avril). Cette zone absorbe 55 % des ventes japonaises à l'étranger contre 17 % pour les Etats-Unis et 12 % pour l'Europe. L'Asie a désormais dépassé les pics enregistrés avant la crise. La raison principale tient bien entendu au dynamisme de la Chine (+ 41,4 % en avril), devenue le premier partenaire commercial de Tokyo. En outre, le Japon continue de fournir ses nombreuses délocalisations installées dans l'empire du Milieu.
Ce qui change par rapport à la situation d'avant la crise, c'est le niveau du yen. Actuellement, la devise japonaise est très ferme face à un euro affaibli. Le taux de change s'établit actuellement autour de 110 yens pour 1 euro, bien loin des 160 yens atteints durant l'été 2008. De même, la parité avec le dollar est actuellement de 90 yens. Même si le gouvernement souhaite voir baisser le cours du yen, l'impact de son niveau sur les échanges n'est pas déterminant. D'autant qu'il permet d'alléger la facture énergétique, principal poste à l'importation.
MICHEL DE GRANDI
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