Le secrétaire américain au Trésor, a rencontré, à Berlin, son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, jeudi 27 mai. Depuis la fin de semaine affolée du 7 au 9 mai, où l'euro a failli mourir, les Etats-Unis s'intéressent de très près à l'Union européenne. Ils s'inquiètent de la chute de l'euro, malgré le plan d'assistance de 750 milliards d'euros décidé par les membres de l'union monétaire, et même de l'édifice européen lui-même, dont ils déplorent maintenant les divisions internes.
M. Geithner a invité les Européens à se coordonner pour soutenir la croissance mondiale, et suggéré à l'Allemagne, dont la santé économique permettrait une relance, de ne pas entraver la reprise par trop d'austérité. L'Allemagne se voit reprocher sa lenteur à agir dans la crise grecque, sa décision solitaire d'interdire les ventes à découvert et un mode de croissance qui privilégie l'équilibre budgétaire et les exportations au détriment de la consommation intérieure.
Lors d'une conférence de presse commune, M. Geithner a discrètement réitéré ce dernier reproche en citant en exemple la Chine, qui veille à augmenter sa consommation pour " s'assurer que sa croissance sera stimulée davantage à l'avenir ". " Nous sommes tous d'accord qu'une partie de la reprise mondiale implique de s'engager pour des objectifs clairs de réduction des déficits ", a-t-il dit. " C'est essentiel " et " l'ampleur des ajustements va différer " selon les pays, qui n'ont pas tous les mêmes niveaux de croissance ni de déficit. Une allusion à la volonté de Berlin de tailler encore dans les dépenses publiques, malgré la relative modération de la dette allemande. Le secrétaire au Trésor a mis en garde : " Les consommateurs américains seront moins, à l'avenir, la source de la demande mondiale. "
M. Schäuble, de son côté, a défendu la rigueur budgétaire : L'Allemagne, pays vieillissant, a " des marges de manoeuvre plus étroites " que les Etats favorisés par la démographie. Tout en assurant que " la coopération - entre Berlin et Washington - est beaucoup plus étroite qu'il n'y paraît parfois ", il a rappelé que " les traditions et les cultures diffèrent ", notamment sur l'orthodoxie budgétaire, entre les Etats-Unis et l'Europe, et qu'" on ne peut pas appliquer les mêmes recettes ". Son ministère conteste, par ailleurs, les reproches sur la " lenteur " allemande : " L'Allemagne est le pays de l'eurogroupe qui a ratifié le premier le plan de stabilisation. "
Marion Van Renterghem
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