L'économie chinoise, qui tourne à plein régime, est loin d'être immunisée contre les retombées possibles de la crise en Europe. La Chine, qui a vu ses exportations ralentir au point d'enregistrer un déficit commercial en mars - le premier en six ans -, a toutefois bénéficié en avril d'une reprise de ses échanges avec les Etats-Unis.
L'aggravation de la crise dans l'Union européenne, premier client de la Chine, risque d'affecter les exportations chinoises, dont la contribution à la croissance reste essentielle dans un modèle qui peine à se rééquilibrer en faveur de la consommation intérieure. Mais le risque vient surtout de la contamination financière : la Chine a financé son mégaplan de relance par un déluge de crédits bancaires, accordés notamment à des plates-formes locales de financement en infrastructures dont la transparence comptable est mise en doute.
Comme en 2005, l'économie chinoise fait face à une accumulation de mauvaises créances cachées. La solution envisagée est de procéder à une recapitalisation massive des banques par les marchés : une demi-douzaine de banques ont annoncé leur projet de lever des fonds prochainement. Certaines doivent être introduites en Bourse, comme la Banque de l'agriculture qui prévoit de lever entre 20 milliards et 30 milliards de dollars sur les marchés de Shanghaï et Hongkong fin juillet. D'autres, comme la banque ICBC, procéderont à des augmentations de capital. Or, contrairement à 2005, les banques occidentales, qui avaient participé au tour de table des géants chinois avant leur introduction en Bourse - et après un premier nettoyage des bilans de ceux-ci par le gouvernement -, sont cette fois ouvertement méfiantes - et occupées par d'autres priorités.
Quant aux marchés chinois, ils sont déstabilisés par la tourmente européenne : " Procéder à une recapitalisation en passant par les marchés devient risqué dans la période actuelle. On peut toutefois imaginer que ce soit le prétexte d'un plan de sauvetage qui ne porte pas son nom, via l'Etat et des investisseurs institutionnels qui obéissent à ses instructions ", explique un spécialiste européen du secteur financier chinois. Selon lui, cette configuration retarderait la libéralisation du secteur bancaire et financier chinois, essentielle pour réorienter les flux d'épargne vers la consommation.
Brice Pedroletti
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