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La ville de Shanghaï est bien décidée à se démarquer. Le coût du site de l'Exposition universelle inaugurée vendredi 30 avril est estimé à 4,2 milliards de dollars (3,2 milliards d'euros). En incluant les dépenses pour la construction d'infrastructures dans la ville, l'addition se chiffre à presque 50 milliards de dollars. Mais compte tenu du faible retour sur investissement, les risques financiers sont grands.
Cette Exposition universelle - où 191 pays présentent leurs pavillons - sera la plus chère depuis la création de l'événement, il y a cent cinquante ans. Une facture détaillée comprendrait au moins 2,6 milliards de dollars pour la construction du site, auxquels s'ajouterait 1,5 milliard de dollars pour son fonctionnement jusqu'à la fin du mois d'octobre.
Concernant les infrastructures, Shanghaï a dépensé 45 milliards de dollars pour le réseau de métro le plus long du monde, deux nouveaux terminaux pour l'aéroport, une promenade en bord de rivière... Au moins, ces derniers investissements devraient survivre après la clôture de l'Exposition, contrairement à d'autres attractions, comme le pavillon espagnol en forme de panier en osier ou celui du Danemark en " globe oculaire ".
Le financement de l'Exposition universelle est risqué. La vente des billets et le parrainage ne rapporteront que 1,4 milliard de dollars. Et près de la moitié des coûts de construction du site sont financés par des obligations émises par Shanghaï. Ensuite, la ville espère revendre le terrain de l'Exposition à un prix assez élevé pour rembourser sa dette. Mais comme le gouvernement chinois projette de ralentir la hausse des prix de l'immobilier, le retour sur investissement peut s'avérer bien en deçà des attentes de Shanghaï.
De même, les infrastructures sont en partie financées par la dette. Les autorités locales n'ont aligné que 30 % du coût total en fonds propres. Shanghaï étant déjà plus développée que les autres villes, le coût de la dette pourrait ne pas être couvert par l'investissement supplémentaire.
L'Exposition ne nourrira pas l'ambition de Shanghaï de devenir une place financière internationale. Car cette question relève davantage d'une plus grande ouverture économique de la Chine que d'une pénurie de lignes de métro. Dans une enquête publiée par le magazine China Economic Review, la ville a obtenu des scores élevés pour ses infrastructures, en contraste avec sa note pour la réglementation, la qualification de sa main-d'oeuvre et la politique économique.
Mais rien de tout cela ne viendra contrarier les habitants de Shanghaï, qui ont obtenu grâce à l'Exposition des jours de congés supplémentaires ou la gratuité des cartes de métro... En revanche, les banques et les investisseurs qui ont financé l'événement ne trouveront sans doute pas de quoi se réjouir.
Wei Gu
(Traduction de Séverine Gautron)
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