mardi 11 mai 2010

L'immobilier chinois à un pic - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20676 - International, mercredi, 12 mai 2010, p. 7

Il ne faut pas se fier aux apparences. Le marché immobilier chinois entre dans « l'âge de glace », lançait, il y a quelques jours, sur son blog, Pan Shiyi, le président du grand groupe immobilier Soho qui refusait, hier, de s'émouvoir devant l'annonce d'une nouvelle poussée record du prix moyen du mètre carré dans 70 grandes villes du pays. Selon le Bureau national des statistiques, les prix dans les immeubles résidentiels et commerciaux du pays auraient connu, avec une envolée, en glissement annuel, de 12,8 % en avril leur plus forte hausse des cinq dernières années. De janvier à avril, les investissements dans l'immobilier ont bondi de 36,2 %. « Cette progression est normale », estimait, hier, Pan Shiyi dans une conférence de presse avant d'annoncer un prochain recul des prix des appartements de près de 20 % en Chine.

Mesures de refroidissement

Comme beaucoup d'experts, le patron du groupe Soho estime que les mesures de refroidissement du marché déjà annoncées par Pékin vont rapidement faire leur effet. Le gouvernement, qui avait largement encouragé depuis 2009 le secteur de la construction pour alimenter sa croissance, cherche à affiner sa politique de soutien pour éviter toute crise sociale et financière. S'il se doit d'éviter tout effondrement des prix qui ruinerait les groupes immobiliers, handicaperait les sociétés d'Etat propriétaires de nombreux projets et menacerait les banques, il doit tout de même contenir leur flambée qui alimente le mécontentement d'une classe moyenne incapable d'accéder à la propriété.

Affirmant que les spéculateurs seraient responsables de la poussée « déraisonnable » des prix, le gouvernement a annoncé, le 15 avril, une série de mesures pour décourager certaines transactions. Il a ainsi décrété que le versement initial demandé aux acheteurs d'un second appartement allait désormais représenter 50 % du prix total du bien contre 40 % précédemment. Le versement initial acquitté par les primo-accédants d'appartement de plus de 90 mètres carrés a, lui, été relevé à 30 % du total. Les autorités ont également limité les ventes sur plan par les groupes immobiliers, tenté de limiter leur accès à des terrains constructibles, et encore demandé aux banques de refuser, dans certains cas, des prêts à leurs clients possédant déjà deux propriétés.

Certains des géants du secteur auraient déjà enclenché des ventes promotionnelles pour éviter de se retrouver avec trop de surfaces invendues. « L'impact des mesures de refroidissement devrait apparaître dans les statistiques du mois de mai », analyse Tao Wang d'UBS, qui voit le gouvernement chinois « maintenir son pied sur le frein dans les prochains mois ». De son côté Dariusz Kowalczyk, stratégiste du groupe SJ Seymour, croit à « la probabilité d'une hausse des taux d'intérêt d'ici à juin ». A l'appui de sa démonstration, il rappelle l'accélération de 2,8 % en avril de l'indice des prix à la consommation dans le pays.

PHOTO - A couple is accompanied by a sales agent (R) in front of the model of a property development, at the 5th China (Shenzhen) Real Estate Fair in the southern Chinese city of Shenzhen May 4, 2010. Chinese property prices are looking bubbly and the government is stepping up its efforts to take the market off the boil. In contrast to regional neighbours, China has so far eschewed the blunter instrument of higher borrowing costs, not least because it harbours doubts about the solidity of the global recovery and has an eye on the all-important property market.

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