samedi 29 mai 2010

Pékin ne protégera pas les naufrageurs du " Cheonan " - Philippe Pons

Le Monde - International, lundi, 31 mai 2010, p. 6

En visite à Séoul, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a assuré, vendredi 28 mai, le président sud-coréen, Lee Myung-bak, que la Chine " n'entendait en rien protéger les responsables " du naufrage de la corvette Cheonan, coulée le 26 mars par une attaque à la torpille qu'une commission d'enquête internationale a imputée à la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

" La Chine, a déclaré le premier ministre, prendra position de façon impartiale en fonction de sa propre évaluation des résultats de l'enquête internationale en prenant sérieusement en compte les réactions des parties concernées. " M. Wen a ajouté que la Chine " condamnait " en revanche " toute action qui affecte la paix et la stabilité dans la péninsule ", théâtre, depuis la mise en cause de la RPDC dans le naufrage, d'une forte tension.

La Chine et la Russie ont été invitées par la Corée du Sud à dépêcher leurs propres experts à Séoul afin d'examiner les conclusions de l'équipe d'enquête internationale composée d'Américains, d'Australiens, de Britanniques, de Coréens du Sud et de Suédois, qui a établi la responsabilité de Pyongyang.

Membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, où elle dispose d'un droit de veto, la Chine est placée sous une forte pression de Séoul, qui entend porter dès la semaine prochaine l'affaire du Cheonan devant l'organe suprême des Nations unies, pour qu'elle ne s'oppose pas à sanctionner la RPDC, responsable, aux yeux de la Corée du Sud, de l'agression qui a causé la mort de 46 marins. Jusqu'à présent, Pékin était resté réservé, appelant les parties à " faire preuve de retenue ".

Plus explicite à Séoul, M. Wen ne se départit pas de la prudence dont Pékin a fait preuve jusqu'à présent dans cette affaire. S'il y a un infléchissement de la position chinoise, comme on le souligne de source officielle à Séoul, il est plus dans la forme que sur le fond. Dans la meilleure hypothèse, la Corée du Sud peut espérer que la Chine ne s'opposera pas à une résolution du Conseil de sécurité sanctionnant la RPDC, mais qu'elle ne condamnera pas pour autant celle-ci.

La position sud-coréenne est soutenue sans réserve par les Etats-Unis et le Japon qui vient de renforcer les mesures de sanctions déjà prises à l'encontre de la RPDC. M. Wen doit s'entretenir au cours du week-end avec le premier ministre japonais Yukio Hatoyama, à l'occasion du sommet annuel des trois pays (Corée du Sud, Chine, Japon) qui a lieu dans l'île coréenne de Jeju.

PHOTO - JEJU, SOUTH KOREA - MAY 29: Chinese Premier Wen Jiabao speaks during the East Asian 3 Nations Summit on May 29, 2010 in Jeju, South Korea. China came under intensified pressure from South Korea and Japan today to join global efforts to punish North Korea over the sinking of a South Korean warship in March.

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