Les médias chinois et nord-coréens ont confirmé, vendredi 7 mai, la visite du dirigeant de Corée du Nord, Kim Jong-il, en Chine. Il est reparti chez lui le même jour, dans son train spécial, après cinq jours de visite en République populaire, seul allié du régime de Pyongyang.
Les photos prises à la dérobée de M. Kim dans le port chinois de Dalian, lundi, ainsi que les rumeurs de son arrivée dans une résidence pour hôtes étrangers à Pékin avaient cependant confirmé, depuis quelques jours, le séjour en Chine de l'homme qui abhorre l'avion et se déplace toujours dans son convoi ferroviaire blindé. Le " cher leader ", âgé de 68 ans, est apparu vieilli et fatigué, sanglé dans son éternel blouson kaki.
Entourée comme à l'accoutumée, d'un voile de mystère, la visite du dictateur de la République populaire démocratique de Corée du Nord (RPDC) avait vraisemblablement pour objet des tractations diplomatico-économiques : la RPDC traverse à nouveau une passe économique des plus difficiles. Une grave pénurie alimentaire est de retour. La Corée du Nord a plus que jamais besoin de l'aide de la Chine, avec laquelle les relations se sont tendues depuis les deux essais nucléaires pratiqués par la RPDC depuis 2006.
Pyongyang s'est par ailleurs retiré en mai 2009 des pourparlers à six (les deux Corées, le Japon, la Chine, la Russie et les Etats-Unis) pour protester contre les sanctions que l'ONU lui avait infligées après le second test d'un engin atomique. Pékin joue à ce sujet un rôle central de médiateur.
Prudence à Washington
Les médias chinois ont laissé entendre, vendredi, que le marchandage - retour de Pyongyang à la table des négociations contre l'accroissement d'une aide économique chinoise déjà plus que substantielle - aurait débouché sur des décisions concrètes : " La RPDC veut travailler avec vous pour créer les conditions favorables d'une reprise des pourparlers à six ", a dit Kim Jong-il au président chinois Hu Jintao, cité par l'agence de presse Chine nouvelle. La même dépêche fait mention d'une remarque du dirigeant nord-coréen qui se dit désireux de mettre fin à son programme nucléaire, mais sans autres détails.
" La Chine soutiendra, comme toujours, le développement économique de la RPDC et l'amélioration des conditions de vie de son peuple ", a déclaré à M. Kim le premier ministre chinois, Wen Jiabao. La Corée du Nord dépend de la Chine à 80 % pour ses biens de consommation et à 40 % pour la nourriture. Durant sa visite à Pyongyang en octobre 2009, M. Wen avait proposé la formation d'un " pôle de développement " sino-nord-coréen qui inclurait notamment les provinces chinoises frontalières du Liaoning et de Jilin. En février, un haut responsable du parti communiste chinois avait lui aussi visité Pyongyang et évoqué, selon les médias sud-coréens, un plan d'investissement de 7 milliards d'euros pour relancer l'économie de la RPDC.
Les réactions américaines et sud-coréennes à la visite en Chine de Kim Jong-il ont été mesurées. Les deux pays ont toutefois lié toute évolution de leurs relations aux résultats de l'enquête en cours sur le naufrage d'une corvette de la marine de la République de Corée. Séoul soupçonne le Nord de l'avoir coulée.
Washington est " dans une posture d'attente ", a indiqué le diplomate américain responsable du dossier nord-coréen, Stephen Bosworth : " Notre souci est de soutenir la République de Corée alors qu'elle s'efforce d'établir ce qui est arrivé à - la corvette> Cheonan. " Le bateau sud-coréen a sombré en mars, provoquant la mort de 46 marins.
Bruno Philip
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