vendredi 7 mai 2010

PSA trouve un second partenaire pour doper ses ventes en Chine

Les Echos, no. 20673 - Industrie, vendredi, 7 mai 2010, p. 24

Le constructeur français, qui peine à faire décoller sa part de marché dans le pays, a annoncé hier qu'il comptait créer une nouvelle coentreprise avec Chang'An. Il négocie parallèlement la construction d'une troisième usine avec Dongfeng.

Après avoir enchaîné les années difficiles dans une Chine qu'il avait pourtant découverte avant la plupart de ses grands concurrents actuels, PSA Peugeot Citroën espère avoir enfin enclenché le virage stratégique qui lui permettra de profiter pleinement du développement du premier marché automobile du monde. Le constructeur français a officiellement annoncé hier qu'il comptait s'allier, comme l'ont fait plusieurs autres groupes étrangers, à un second partenaire industriel dans le pays.

Déjà associé à Dongfeng Motor Group, avec lequel il produit à Wuhan des Peugeot 207, des 307, mais encore des Citroën C5 et des C4, PSA vient de signer avec un autre groupe d'Etat chinois, Chang'An Automotive Group, une lettre d'intention prévoyant la création prochaine d'une coentreprise -détenue à parts égales par les deux partenaires -qui fabriquera des véhicules utilitaires légers et des voitures particulières répondant aux meilleures normes environnementales. « Une nouvelle association est capitale si l'on veut tenir nos objectifs de vente », résume un cadre du groupe. PSA, qui a vendu l'an dernier 272.000 véhicules, quand Volkswagen ou General Motors en écoulaient chacun plus de 1 million, ne détient que 3,2 % du marché. Pour le moment, aucune de ses deux marques ne figure parmi les quinze premiers blasons vendus dans le pays. PSA affirme vouloir pousser sa part à plus de 8 %, rien de moins, d'ici à 2020.

Pour tenir cet ambitieux objectif, le groupe se doit de doper sa force industrielle pour l'instant limitée aux 450.000 unités qu'il peut produire chaque année dans les deux usines qu'il contrôle avec Dongfeng à Wuhan. « Depuis longtemps, le groupe a besoin d'une autre base géographique », explique Jerry Huang, un analyste de CSM Worldwide. « Il est pour l'instant installé dans un bassin du centre du pays qui n'est pas le plus dynamique. Il a besoin de se développer dans les zones de l'Est et du Sud qui sont les plus porteuses pour le marché automobile. Si son nouveau joint-venture avec Chang'An est situé dans la ville de Shenzhen, il aura une bien meilleure capacité de réaction à la demande », détaille-t-il.

Les cadres de PSA estiment qu'en associant avec Chang'An ils pourront également élargir leur offre locale et notamment organiser une percée dans les petites et moyennes camionnettes, qui connaissent une explosion de leurs ventes. « Chang'An étant spécialisé dans les véhicules bon marché, la nouvelle coentreprise devrait permettre de produire des modèles typiquement adaptés à cette demande », estime Zhong Shi, un analyste indépendant.

Cet argument des « gammes différenciées » a d'ailleurs été utilisé dans les complexes discussions menées depuis de longs mois avec Dongfeng, le partenaire historique du groupe français. Réputé retors, le groupe d'Etat, qui travaille lui-même en joint-venture avec Nissan et Honda, s'est longtemps opposé à l'association de PSA avec un autre acteur chinois et tentait encore récemment de freiner la mise en place du nouveau partenariat, en mettant en avant des accords de transferts de propriété intellectuelle, selon des proches du dossier.

Rassurer Dongfeng

Pour le calmer, les négociateurs français ont rappelé qu'une association avec un autre groupe permettrait des économies d'échelle et l'introduction plus rapide dans le pays de moteurs ou d'équipements de dernière génération qui profiteront à Chang'An comme à Dongfeng. « Ils sont maintenant plus rassurés. Les choses sont beaucoup moins tendues », assurait hier soir un cadre français. Soucieux de désamorcer toute brouille qui menacerait son plan de développement dans le pays, Philippe Varin, le patron du groupe français, a encore flatté, mercredi, la direction de Dongfeng en laissant entendre qu'il étudiait, parallèlement à la nouvelle alliance avec Chang'An, le projet d'ouverture prochaine d'une troisième usine avec Dongfeng, pour répondre à l'explosion du marché.

YANN ROUSSEAU

PHOTO - Philippe Varin, chief executive of French carmaker PSA Peugeot Citroen, poses next to the RCZ Peugeot car after the company's 2009 annual results presentation in Paris February 10, 2010. PSA Peugeot Citroen saw losses widen in 2009 and said cost cuts would help it weather tough trading conditions likely to persist through 2010, declining to give a forecast beyond mid-year.

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