En dépit d'un recul de son chiffre d'affaires, le premier constructeur automobile mondial s'est fortement redressé, en dégageant un bénéfice de 209 milliards de yens. Ses pertes n'auront donc duré qu'un an. La crise qui l'a secoué ces derniers mois, avec des campagnes de rappel sans précédent, n'est pas terminée.
Le séisme est passé, mais les répliques continuent. Ainsi peut-on résumer la situation de Toyota, qui a dévoilé hier un bénéfice net de 209,4 milliards de yens (1,6 milliard d'euros) au titre de son dernier exercice, en fort contraste avec la perte de 437 milliards de yens l'an dernier. Il affiche également un résultat d'exploitation de 147,5 milliards de yens qui efface la perte de 461 milliards de yens de 2008-2009. Cela alors que le chiffre d'affaires s'est contracté de 7,7 %, à 18.950 milliards de yens.
Le retour aux bénéfices un an plus tôt que prévu fait figure de bonne nouvelle. Selon Akio Toyoda, le président, ce redressement réalisé en dépit d'un recul du chiffre d'affaires s'explique par le programme de réduction de coûts engagé et au retrait de la marque du Championnat de formule 1. La fermeté persistante du yen a pourtant joué en défaveur des intérêts du géant japonais, même si une recette exceptionnelle de 68 milliards de yens sur les opérations de change contribue positivement au résultat.
L'exercice qui s'est achevé restera comme l'un des pires de l'histoire du groupe. Rappel de plus de 9 millions de voitures, problèmes de qualité en série, dégradation de son image de marque, opinion publique déboussolée... « Le groupe est toujours dans la tourmente », a sommairement glissé hier Akio Toyoda. Le nombre de voitures vendues a baissé de 4,4 %, à 7,24 millions d'unités, et a surtout chuté aux Etats-Unis, où la crise a été la plus forte. Les dirigeants de Toyota fournissent peu d'indications sur le coût réel de cette crise. « L'impact est moins important qu'attendu », a expliqué son patron tout en le chiffrant à 180 milliards de yens pour 2009-2010. Bien en dessous des estimations des analystes. Christopher Richter, de CLSA, l'évalue pour sa part à 3 milliards de dollars. Mais cette évaluation du coût manque de définition. S'agit-il du coût direct, celui mesuré par le nombre de voitures non vendues ou des dépenses engagées pour les rappels ? Le nombre de voitures non vendues serait de 50.000, selon Akio Toyoda, la moitié des estimations des experts privés.
Les concurrents à l'affût
Aux coûts directs s'ajoutent d'autres pénalités plus difficiles à évaluer encore comme la dégradation de l'image et, bien entendu, les différentes indemnisations à prévoir après diverses décisions de justice.
Toyota a ainsi provisionné 100 milliards de yens durant l'exercice en cours pour tenir compte de tous ces facteurs comme l'amende de 16,4 millions de dollars réglée récemment aux autorités américaines. En outre, le groupe ne peut pas, à ce jour, mesurer l'impact de cette crise sur le recrutement de nouveaux clients ni même savoir quel autre constructeur a réellement profité de ses déboires. Ainsi Hyundai avec sa Sonata a vu ses ventes bondir de 57 % en avril quand celles de sa rivale chez Toyota, la Camry, se contractaient de 10 %. Enfin, Toyota s'est engagé dans une politique commerciale très agressive (voir ci-dessous), qui aura également un coût.
Tout en gérant cette crise, le numéro un japonais est comme ses concurrents à la recherche de nouveaux débouchés. En Chine, où ses ventes pourraient dépasser 800.000 véhicules, contre 709.000 en 2009-2010, il va construire une nouvelle usine à Changchun (Nord-Est). Si l'Inde fait également partie de ses cibles, le constructeur de Toyota City se veut prudent pour 2010-2011. Il espère vendre cette année 7,29 millions de voitures dans le monde, dont 2,13 millions aux Etats-Unis. Et table sur une hausse de 90 % de son résultat d'exploitation, à 280 milliards de yens et de 50 % de son bénéfice net. Quant au chiffre d'affaires, il devrait se contenter d'une hausse de 1 %, à 19.200 milliards de yens, tant certaines incertitudes demeurent encore difficiles à lever. Comme l'impact de la fin de la prime à l'achat de voitures vertes au Japon.
MICHEL DE GRANDI
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