Assurée d'être réélue le 1er juillet pour un second mandat - elle est seule candidate à sa réélection et a reçu lundi le soutien unanime du conseil exécutif -, la présidente du Medef dévoile dans Le Figaro les grandes lignes de son programme pour les trois ans à venir. La place de l'organisation patronale à l'international et la défense de la compétitivité des entreprises en sont les deux piliers.
LE FIGARO.- Quel bilan tirez-vous de votre premier mandat de cinq ans?
Laurence PARISOT. - C'est le bilan d'une équipe, celui des présidents de commission, celui du conseil exécutif, et c'est un bilan dont nous sommes très fiers. Au plan social, dix-sept accords interprofessionnels, dont deux historiques : la représentativité syndicale et la rupture conventionnelle. Au plan économique, nous avons convaincu le gouvernement d'une politique de l'offre pour stimuler la production. La réforme de la taxe professionnelle en est un exemple. Nous avons aussi donné une place centrale à l'éthique : avec le code Afep-Medef, nous avons réalisé en termes de gouvernance des entreprises et de rémunérations des dirigeants ce qu'aucun autre patronat n'a fait.
Quels seront les principaux axes de votre programme pour les trois ans à venir?
Premièrement, renforcer la présence du Medef à l'international et en Europe. Pour les entreprises, même les plus petites, ce qui se décide à Washington et à Pékin est aujourd'hui au moins aussi important que ce qui se vote à l'Assemblée nationale ou au Sénat. Je vous donne un exemple : le comité de Bâle discute actuellement des futures normes prudentielles qui vont réglementer les banques. Les textes en débat pourraient entraîner une réduction drastique des fonds propres des banques et donc durcir trop les conditions de crédit aux entreprises. Pour gagner en efficacité, nous devons renforcer nos effectifs à Bruxelles et être beaucoup plus présents dans les instances internationales. Nous allons ainsi ouvrir un bureau en Chine dans les douze mois.
L'Europe a-t-elle encore un avenir?
L'Europe est à un moment historique, nous sommes mobilisés pour la défendre et empêcher qu'elle ne devienne une zone économique de second rang. Le Medef et les entreprises ont compté parmi les premiers Européens et Européens nous resterons. Nous continuerons à réclamer la gouvernance économique dont l'Europe a besoin pour vivre. Plusieurs personnalités souhaitent que les budgets des États soient soumis au regard de la Commission : nous l'avions proposé en 2006. Il faut déjà aller plus loin en renforçant les mécanismes de convergence en termes de politique économique européenne. L'Europe se doit d'avoir un leadership économique et politique plus affirmé, la compétitivité mondiale de nos entreprises en dépend. Cela implique de profondes remises en cause, telles qu'une harmonisation étape par étape des bases de la fiscalité.
L'une des raisons de la crise de l'europe tient aux différences de convergence économique entre les pays. Comment le résoudre?
Compétitivité, voilà le maître mot des prochaines années, à l'échelle de l'Europe comme à l'intérieur de chaque pays européen. La nôtre en France ne s'améliorera qu'après avoir mené les grandes réformes structurelles, en premier lieu celle des retraites. La lutte pour la compétitivité occupe tout le deuxième volet du programme de mon second mandat car la France est handicapée par une moindre compétitivité que ses voisins, des freins réglementaires, des charges plus élevées, et du coup des investissements en R & D encore insuffisants.
Quels sont les autres axes de votre programme?
Prôner l'esprit d'entreprise, stimuler la croissance en encourageant la multiplication des créations d'entreprise, en particulier grâce à une commission Entrepreneuriat qui interviendra notamment dans les écoles ou les universités en initiant de nouveaux modules Entrepreneuriat. Le faire en n'oubliant jamais que l'homme et le respect de l'homme sont au coeur de l'entreprise.
Différentes fédérations industrielles veulent s'allier pour créer un pôle industriel fort au sein du patronat. Y voyez-vous une forme de concurrence?
Au contraire, tout ce qui peut accroître la lisibilité des organisations professionnelles va dans le bon sens. Car sauf à être militant de longue date, on pourrait s'y perdre. C'est pourquoi je souhaite créer un comité « patronat 2.0 », qui aura vocation à apporter plus de clarté, de modernité et d'efficacité aux organisations patronales.
Voyez-vous le chômage baisser dans les prochains mois?
La courbe s'inversera quand les entreprises auront la certitude que la réduction des déficits est engagée sans hausse d'impôts ou de cotisations. Une remise en cause des allégements de charges dont les entreprises bénéficient pour les bas salaires serait une catastrophe pour l'emploi. Le principe évoqué ici ou là d'une annualisation de leur mode de calcul serait à coup sûr destructeur d'emploi. Ce serait de plus un signal social déplorable car toutes les entreprises qui ont fait l'effort depuis longtemps déjà d'offrir un treizième mois à leurs salariés seraient pénalisées.
PROPOS RECUEILLIS PAR Gaëtan de Capèle, Cyrille Lachèvre, Marc Landré
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